Actualité chaude, accueil sous tension de migrants, des demandeurs d’asile dans des villages où on réhabilite des logements, où il y a les pour, les contre, les indécis et parfois les violents. Village global est une très bonne somme sur le sujet car à échelle humaine, loin des retours caricaturaux, une histoire travaillée, honnête et sincère, un peu gentille quand même mais ça fait du bien. David Lessault est au scénario, Damien Geffroy au dessin dont on a remarqué avec Ducoudray l’excellent Inspecteur Balto. Très bon coup de crayon.

A Mazé, c’est stupeur et tremblements. Le maire annonce qu’on va rénover la vielle chapelle pour y loger des demandeurs d’asile. Un patelin tranquille qui va exploser dans tous les sens. Un groupe de résistance se créé, le GRINC. Pas question de laisser envahir nos campagnes. Il y a un papy qui mène la danse, pas méchant mais bon on a du mal à se refaire. Sa petite fille Salomé lui passe un savon. Comparaison hâtive avec les Roms dans le village. Des étrangers il y en a eu comme Olek et les Polonais avant 40. Et aujourd’hui ce sont les premiers saisonniers à venir en France. Affiches sur les murs. Papy rencontre Mamadou, la chapelle se remplit. Les destins se croisent, on s’explique et on va essayer de se comprendre. Attente des titres de séjour, d’asile politique, Mazé fait sa révolution culturelle.

On parlera de peur, de racisme aussi, d’oubli des Espagnols de 1939, des Italiens des années 30. On dira que l’idée est celle du village global avec ses refus, ses angoisses mais aussi ses joies, une certaine dose de bêtise et des relents très actuels qui peuvent faire craindre une bascule angoissante dans les toutes prochaines années. Ne pas confondre immigration de passage, demande d’asile et sédentarité illégale. Le bouquin est parfait, lucide, désamorce mais ne nie rien. Une bonne leçon très humaine.

Village global (réédition), Steinkis, 22 €