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Les Mystères de la République : les affaires, histoire sans fin (2)

Ligne Claire vous propose aujourd’hui le second volet et la fin d’un dossier qui paraît aussi ce mois ci dans le magazine Zoo.

Objectivité et pas d’états d’âme

Richelle touche, sans états d’âme mais avec objectivité, à tous les sujets. La Résistance et l’épuration en 1944 : « La France avait été coupée en deux pendant la guerre. La Libération a été une guerre civile larvée ». Buscaglia a trouvé dans le scénario de son album « des similitudes avec l’Italie en 1944. Dans nos petites villes on se souvient d’évènements pas très clairs issus des cendres des années de fascisme ».

Même son de cloche avec François Ravard : « Un exercice compliqué de parler de la guerre d’Algérie, des porteurs de valise, ces Français qui transportaient des fonds pour le FLN algérien. Le héros est impliqué sans le savoir. C’est un drame noir très bien ficelé avec un écriture intéressante qui ira jusqu’après les pavés de mai 68 ».

Pierre Wachs confirme : « Richelle pour la 3ème République a repris partiellement l’affaire Salengro, ministre socialiste accusée d’avoir déserté en 1915. Il se suicide victime d’une campagne de presse. Le tout est traité de façon romanesque. La Résistance est un thème majeur à redécouvrir ».

Le rythme de parution est aussi nouveau et contraignant. Wachs sait « qu’il est rapide, très serré ». Buscaglia reçoit le scénario par tranches : « Richelle veut que je me concentre sur des séquences précises. J’ai le synopsis complet. Sa narration est efficace ».

Trois Républiques et trois séries. La première ira jusqu’en 1944, la seconde finira en 1958 avec le retour de De Gaulle qui sonnera le glas de la 4ème République. Pour la troisième série, Richelle s’arrête aux débuts des années soixante-dix. Les albums tiennent bien la route, carrés. Coïncidence intéressante, notre 5ème République est aujourd’hui en crise. Affaire Cahuzac, la transparence, la crise économique, certains y voient une comparaison possible avec les années trente. L’actualité a parfois des sautes d’humeur pour rappeler que l’histoire des « affaires », est malheureusement sans fin.

Franck Marguin : la BD historique était en sommeil

Franck Marguin, éditeur chez Glénat confirme l’ambition éditoriale de la série. « Un enjeu majeur cette année avec Silas Corey de Nury-Alary puis en septembre un western avec Rossi-Bollée ».

Pourquoi avoir limité la série aux trois dernières Républiques ?

« Pour rester dans univers contemporain. Nous avons trouvée séduisante l’idée de Richelle dès le synopsis. On avait envisagé d’abord trois enquêtes réunies par un lien familial. C’était trop téléphoné ».

Trois Républiques, trois cycles avec trois auteurs et un scénariste, quel sera le rythme de parution ?

« Il y aura cinq albums par République. Chaque titre pourra se lire seul avec un fil rouge du premier au cinquième album. Trois albums paraîtront chaque année. Pour le lancement trois titres sortent en simultanée. Ensuite, un tous les quatre mois. A chaque fois ce sont des intrigues policières, une fiction qui frôle la grande Histoire. Du polar avec le regard d’aujourd’hui et une forme qui tient compte de l’époque. De la BD de genre totalement assumée».

Trois dessinateurs différents vont assurer la série. Comment ont-ils été choisis ?

« Par Richelle, comme des acteurs, par casting avec planches d’essais. Pour la 3ème République Pierre Wachs s’est imposé avec sa ligne claire stylisée. Son trait est très « Glénat » avec gros plan, panoramiques. Pour la 4ème Alfio Buscaglia est un auteur plus spécialisé en SF, en illustration. Sur ce projet réaliste son dessin s’est adapté. Dernier auteur que je connais depuis longtemps, François Ravard pour la 5ème. Son trait est libre. Il se lâche. Leurs styles devaient être accessibles au grand public ».

Glénat redécouvre la BD historique ?

« Il était une fois en France a marqué la relance d’un genre en sommeil qui était une tradition chez Glénat. Nous avons beaucoup travaillé la maquette des albums. Chaque République a une couleur précise de couverture. Le bleu pour la 3ème, le blanc pour la 4ème et bien sûr le rouge pour la 5ème. C’est la même coloriste, Claudia Boccato qui a travaillé sur tous les titres. Une scène de crime avec les héros policiers de l’enquête est à chaque fois en couverture. On a gardé le même lettrage ».

Confiant dans l’avenir de ces Mystères ?

« Tout à fait. Nous avons de bonnes remontées des libraires. Le plan marketing est conséquent. Ces Mystères sont un évènement majeur pour Glénat en 2013 ».

Les mystères de la quatrième république, Tome 1, Les résistants de septembre, de Philippe Richelle et Alfio Buscaglia, Glénat, 56 p. couleurs, 13,90 €
Les mystères de la cinquième république, Tome 1, Trésor de guerre, de Philippe Richelle et François Ravard, Glénat, 56 p. couleurs, 13,90 €

Les mystères de la quatrième république
Les mystères de la cinquième république
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