Le Siècle d’Eva de Bernard Yslaire restera comme l’une des œuvres les plus marquantes du neuvième art. L’intégrale que vient de publier Casterman permet de redécouvrir, de retrouver, de se laisser envahir par cette balade sans retour dans un siècle de violence et de haine. Mais sous la protection d’un ange gardien qui pourtant ne sourit jamais.
Bernard Yslaire a composé une œuvre finalement assez philosophique au sens le plus noble du terme. La recherche perpétuelle non pas du bonheur mais du pourquoi de la vie, de la paix, du bonheur. Qui est l’ange, quels sont ces bugs qui parasitent les ordinateurs avec des messages incompréhensibles ? Eva veut comprendre. Yslaire donne des indices, ouvre des pistes.
Textes et dessin à dominantes foncées, rouge, bleu, accrochent œil et mémoire, replacent ce XXe siècle dans sa triste réalité. Et ouvrira sur un XXIe en forme de tours jumelles qui s’effondrent. Il faut se replonger dans l’univers d’Yslaire, à la fois poétique tel un Rimbaud et réaliste aux yeux ouverts sur un monde fou qui court à sa perte. L’album est conçu pour être lu tête-bêche.
Le Siècle d’Eva, Biographies d’un ange du XXe ciel, Casterman, 35 €
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