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Le Livre de Jessie, la Corée oubliée

Si il y a bien une face de l’Histoire de la seconde guerre mondiale qui a été si ce n’est occultée mais pour le moins laissée de côté, c’est bien la volonté colonialiste du Japon en Asie. De la Chine à l’Indochine en passant par les Philippines ou la Malaisie, l’empire du Soleil Levant n’y est pas allé de main morte sous le prétexte fallacieux de libérer les peuples asiatiques de la domination occidentale. Sauf que c’est à coups de massacres, de destructions et d’occupation d’une rare violence que le Japon a imposé sa volonté. Il y a eu aussi la Corée sous tutelle japonaise, ce qui est encore moins connu. Voilà pourquoi le Livre de Jessie est important. Un couple, Yang Wu-Jo et sa femme Choi Seon-hwa, et leur fille Jessie vont vivre ces années de feu et tenir un journal aujourd’hui adapté par le dessinateur coréen Park Kun-Woong. Dire que le sujet est fort, sensible et surtout authentique dans ses détails, conforte l’intérêt de la démarche.

Une grand-mère de nos jours qui raconte à sa petite-fille les origines de sa famille, le départ de son grand-père pour Shanghai et intégrer la résistance à l’occupation japonaise, ce sera ensuite un journal que le couple va tenir à la naissance de leur fille Jessie, maman de la jeune fille. Le gouvernement provisoire coréen est pris au piège entre la Chine et le Japon en guerre. En 1937 il faut fuir vers le sud dans des conditions difficiles sous les bombardements. La Corée et la Chine vont faire face. Jessie grandit. L’armée chinoise accumule les défaites. La vie quotidienne est difficile. Il faut encore fuir car les Japonais se rapprochent. Cette fois c’est en bateau. Les bombes tombent et il faut se réfugier dans des grottes. Les Japonais rasent la ville sans pitié pour les civils. Le 5 décembre 1938 c’est le massacre.

Plus de trois cents pages où l’on suit cette famille qui à la fois veut survivre mais aussi résiste, rappelle les grands moments de la Corée libre. Les partis se forment mais l’unité n’est pas au rendez-vous tout au long des années que dure le récit. La guerre sera longue, le témoignage pointilleux et humain est d’autant plus important pour une transmission nécessaire afin de ne pas oublier. Le dessin est de plus à la hauteur du texte. Il y a des grands moments graphiques dans ces planche dont une vague énorme sur laquelle surfe l’armée nippone prête à engloutir le vaisseau coréen. Difficile de lâcher ce journal qui ses termine par un dossier biographique. Beaucoup d’émotion.

Le Livre de Jessie, Journal de guerre d’une famille coréenne, Casterman, 24 €

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