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Madeleine, Résistante, détermination sans faille

Alors que le dernier Compagnon de la Libération, ordre créé par le général De Gaulle pour récompenser les Français à l’avoir rallié au combat en 1940, l’album Madeleine, Résistante apporte aussi un hommage à toutes celles et ceux qui se sont battus sur le territoire nationale tout au long de l’Occupation. Et l’ont payé très cher. Des cahiers préparatoires avaient été publiés avant la sortie de ce tome 1. Madeleine Riffaud a, après la guerre, combattu sur bien des fronts. Très engagée politiquement on la retrouvera en Algérie ou au Vietnam correspondante pour la presse communiste. En acceptant de parler de sa résistance à Jean-David Morvan, en co-scénarisant avec lui l’album mis en images avec le talent et la force qu’on lui connait par Bertail, elle fait acte de mémoire à un moment où on en a bien besoin pour faire face aux extrêmes. Une vieille tentation bien française et historique, de l’affaire Dreyfus, à la Cagoule ou à la Collaboration pour être bref. L’album a été sélectionné pour le Prix des Libraires 2022.

En 1931, Madeleine est très proche de son grand-père qui cultive des roses. Elle est née pendant la grande guerre où son père s’est battu. A six ans elle trouve dans les champs avec ses copains un obus, banal à l’époque et même parfois aujourd’hui. Les gamins veulent récupérer le cuivre. Elle s’éloigne pour que sa mère qui est aussi sa maîtresse d’école ne se doute de rien. L’obus explose et elle voit la mort en direct. 1939, Madeleine chasse avec son père, a un bon coup de fusil. Il sait que la guerre est proche et qu’il va la refaire. Il lui apprend à conduire au cas où. Elle part voir la famille près d’Oradour-sur-Glane qui deviendra un village martyr. En mai 40 c’est la défaite et l’exode. Elle est prés de Blois avec son grand-père. Les Stuka attaquent les civils. Pour la première fois elle est une survivante. A Amiens ce sont les soldats allemands qui l’agressent et un officier qui la frappe. Dès lors, elle sera une de ceux que les nazis appellent terroristes.

Ce qui est impressionnant chez Madeleine c’est sa détermination, sa volonté même si on comprend qu’elle peut avoir peur aussi. Rien ne va plus l’empêcher de résister, de se faire enrôler, mépriser la collaboration. La mort de son grand-père la marque. Malade, tuberculeuse, elle va se retrouver face à un salaud qui profite d’elle et est en prime milicien. La suite est à découvrir, à bien assimiler, car le chemin, la route de Madeleine sera difficile, dangereuse, courageuse. Tout est vrai bien sûr et le travail de Dominique Bertail est digne d’éloges pour cette trilogie. Autour de Madeleine des personnages d’une grande dignité comme l’abbé Lavallard déporté qui mourra à Mathausen. Un destin d’exception qu’elle ne doit qu’à son courage Madeleine.

Madeleine, résistante, Tome 1, La Rose dégoupillée, Dupuis, 23,50 €

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