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Rencontre : Thomas Legrain et Sisco, la maturité avec le succès

Thomas Legrain, dessinateur de Sisco au Lombard sur un scénario de Benec était à Montpellier en dédicace chez Azimuts. Sisco en est au tome 6, une série qui fonctionne bien et qui a trouvé son public. Après le dossier réalisé par Ligne Claire pour le mensuel Zoo qui vient de paraître, une rencontre avec Legrain s’imposait.

Sisco a trouvé ses marques, a évolué. Le flic chargé des basses œuvres du Président de la République se retrouve à New-York, affaire d’état mais surtout familiale. Sisco a pris de l’étoffe. « Je n’avais pas la volonté de faire évoluer mon dessin. On ne s’en rend pas compte. Tout est dans le travail, dans la maîtrise qui s’impose au fil des ans. Et puis j’avoue que j’ai disposé d’un peu plus de temps par album, en moyenne neuf mois, en particulier pour les tomes 5 et 6 ».

Moins de pression et succès à la clé. « Encore que pour ces deux albums j’ai beaucoup travaillé les décors. New-York est compliqué et cela m’a pris du temps entre documentation et dessin ». Quand on dit à Thomas Legrain que Sisco a un peu moralement le mental d’un iceberg il pondère le propos : « Sisco est égal à lui-même. Il en a bavé dans son enfance. C’est un type qui s’est blindé et qui a décidé d’être du bon côté du manche. Un nettoyeur pour le compte de l’état ce qui ne lui enlève pas sa part d’humanité ». Efficace Sisco comme le dessin de Legrain qui ne « porte pas de jugement moral sur le personnage ». Sans vouloir trahir le suspense bien mené du tome 6, Négociations en 9mm, on peut dire que Sisco est dans de beaux draps.  « Il s’en sortira et on repart sur une autre histoire dans les deux prochains albums à base d’espionnage international. Sisco est pour l’instant dans une situation juridique délicate aux USA, un peu à la DSK mais pas pour les mêmes raisons ». Ouf !

Legrain en dédicace chez Azimuts à Montpellier.

Il a du répondant Sisco et le chic pour s’embarquer, avoue Legrain, dans des affaires pas claires au point que son employeur va faire la fine bouche. « J’ai le scénario des deux prochains albums. Il ne me reste plus qu’à les faire », complète Legrain souriant. Alors comment se passe le travail entre lui et Benec ? « Très simplement. Crayonnés, encrage, il y a un aval réciproque, un vrai travail d’équipe, une authentique complicité ». La règle c’est un travail préparatoire en amont. « On parle des thèmes, de l’évolution des personnages. Manon la copine de Sisco revient. Son boss,Dupré, prend de l’ampleur ainsi que ses confrères.Il n’y jamais de blocage ». Legrain en est au 2/3 du tome 7 avec objectif de parution pour janvier 2014.

Sisco va-t-il vieillir ? Pas au programme pour Legrain. « Il évolue, devient plus mature, il se maîtrise de mieux en mieux. Il n’est plus le chien fou de ses débuts ». Sisco et Legrain, même combat. Le dessin s’est cadré, enrichi. On sent tout le travail, l’attention apportée par Legrain qui avait 27 ans quand il se lance dans l’aventure (souvenir d’une première rencontre pour le tome 1 à Angoulême en 2010 !).

A 32 ans il a une série à laquelle il tient et se consacre. Certes, la crédibilité de Legrain, garçon ouvert, vif et inventif, auprès des éditeurs a pris du poids. Au point qu’il ait un autre projet en tête avec un grand scénariste. Mais motus. Hors BD, Thomas Legrain aime les séries TV avec un faible pour des classiques comme The Shield auquel il trouve une parenté avec Sisco. Pour la BD il serait tenté par le fantastique, l’anticipation. Thomas Legrain, depuis l’âge de 12 ans, fait des albums complets qui sont restés dans ses cartons à dessins. Avec Sisco il a concrétisé un rêve pour le plus grand plaisir des lecteurs de BD bien ficelées et novatrices.

Texte et photos Jean-Laurent TRUC ®

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