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Interview : Luigi Critone à Montpellier pour le tome 2 de Je, François Villon

Luigi Critone était pour la première fois montpelliérain en ce samedi 29 novembre. Invité de la librairie Azimuts, le dessinateur de Je, François Villon (Delcourt) était en dédicace avec le tome 2 de sa magistrale adaptation du roman de Jean Teulé. L’occasion pour ligneclaire.info de le rencontrer. François Villon, un poète à la fois connu de tous pour la Ballade des Pendus, enseigné au lycée, mais aussi un voyou jusqu’au boutiste dans un Moyen Âge violent et sans concession. Critone sera au festival BD d’Angers les 6 et 7 décembre.

Luigi Critone chez Azimuts à Montpellier pour Je, François Villon. JLT ®

Ce tome 2 est la face noire du poète. Villon va au bout de son propre enfer ?

La version de Jean Teulé dans son roman est encore plus dure. J’ai été plus gentil dans mon adaptation même si effectivement Villon n’hésite pas à tout sacrifier autour de lui et à s’affilier avec une bande de tueurs, les Coquillards. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’humour dans le récit. Plusieurs théories existent sur Villon, sur l’homme qu’il a été ou pu être mais aucune preuve sérieuse.

Vous avez adapté le roman de Teulé seul ?

Oui, en toute liberté que ce soit de sa part ou de Delcourt. Quand je termine une planche je la montre à Jean et il peut corriger des détails mais il n’a pas écrit le scénario.

Comment avez-vous décidé de faire cette adaptation de Je, François Villon, un des premiers romans historiques de Teulé avant Charly 9 ou Le Montespan ?

En le lisant, tout simplement. Le texte m’a accroché. Et il y avait aussi chez Delcourt une volonté éditoriale de l’adapter en BD. Le tome 3 sur lequel je travaille finira avec le bannissement de Villon qui doit quitter Paris. Il était condamné à mort et sa peine a été commuée. J’ai beaucoup travaillé sur le découpage de façon que la structure des planches soit de plus en plus fixe, avec des cases qui reviennent souvent. J’adore aussi les planches muettes, ce dont je me suis servi dans Villon. Pour le troisième que j’ai story-boardé le rythme est plus lent, on est sur la décadence de Villon. Un détail ignoré, Moebius a illustré Villon.

Quand vous l’avez dessiné, le visage de Villon dont on n’a aucune trace a été facile à créer ?

Tout d’abord, ce n’est pas moi Villon. Je ne me suis pas inspiré de moi pour le dessiner (rires) contrairement à ce que certains on dit. Ce n’est pas un auto-portrait. Le seul détail que l’on a, c’est quand il dit lui-même qu’il est maigre. J’avais montré mes travaux de recherche à Jean Teulé.

Il y aura un après Villon. Vous avez des idées pour vos prochains albums ?

Je refuse beaucoup de propositions à thème historique, souvent sur les mêmes sujets. Villon m’a un peu catalogué et il faut que j’en sorte. J’ai envie de changer avec pourquoi pas un scénario contemporain, de SF. J’ai un projet personnel, scénario et dessin, mais pas encore abouti. Une piste à base de fantastique mais pas technologique, de la SF à échelle humaine.

Vous êtes Italien et habitez en France, à Paris où vous travaillez dans un atelier avec entre autres Chloé Cruchaudet. Comment est le marché de la BD dans votre pays ? Et quelles sont les albums que vous avez aimés récemment ?

Absolument différent, des albums en noir et blanc, la BD n’est pas implantée comme en France. On a pourtant traduit mon album, Les Sept Missionnaires. Villon est une histoire trop française pour être adaptée en Italie. En France il y a beaucoup de bonnes BD mais devant le nombre d’albums publiés les lecteurs font une sélection stricte chez les libraires submergés. Mais pour vous citer quelques titres récents, j’ai aimé Un Océan d’amour de Lupano et Panccione, Loups des mer de Rif Rebb’s, un auteur comme Rabaté.

Un dessin original de Luigi Critone. Villon pour ligneclaire.info ®
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