Hector le boucher, bien grillé le steak

Une histoire de famille, de steaks saignants et de saucissons secs, une vocation en quelque sorte, celle d’être Hector le boucher, point final. Mais la vie réserve parfois des détours imprévisibles. Il ne va pas avoir un parcours des plus simples Hector. Jean-Blaise Djian et Kolonelchabert lui ont concocté un destin en forme de menu surprise avec entrée charcutière, côte à l’os en plat et dessert imprévu. On se régale à le déguster, à le suivre entouré d’une galerie d’authentiques cas d’école parmi lesquels il y aura aussi un ami de la famille surprenant. Un album qui sent le terroir, les embrouilles bien de chez nous et la bonne foi campagnarde revisitée sut fond de mises au point sociales.

Hector le boucher Hector sera boucher comme son grand-père et son père. Il a six ans et sa mère n’est pas d’accord avec son père qui claque sa retraite aux courses. Il joue avec des figurines de vache et une bétaillère. Mais sa mère prend sur la tête une étagère pleine de boites de confits d’oie. Elle en meurt la pauvre. Du coup, son père commence sa formation. On tue son copain le cochon, on fait le boudin et des saucissons. Mais le papa qui taquine la bouteille veut griller la priorité à un TER. Erreur fatale. Hector est orphelin et ses biens passent sous tutelle du papy flambeur qui, en prime, le cogne. Heureusement qu’il a une tante, Betty, belle comme une star de cinéma et pleine aux as. Hector prépare son CAP de boucher. Il commence à travailler et veut acheter son commerce. Plus de sous, il a tout dépensé le vieux. Direction l’abattoir où il va exceller entouré par une bande de copains déjantés. Tantine lui paye sa boucherie et il devient une référence, meilleur ouvrier de France. Elle décède aussi la belle brune et Hector hérite du pactole.

Et la vie ne fait que commencer pour Hector qui va devenir une star, le monsieur Hector du faux-filet et finir par renier ses fondamentaux. Mais çà c’est le fond de sauce de cette édifiante histoire bien cadencée dans laquelle on s’étonne, on découvre, on applaudit aux astuces. La secte des bouchers normands du papa d’Hector, la mort suspecte de sa mère et une vache en plein dans le capot, ils y sont allés gaiement les auteurs. Pour notre plus grand plaisir. Dérapage gustatif, évolution, surproduction, libéralisme, pesticides, pas si gratuite que ça la vie d’Hector. Chacun peut y trouver son bonheur. La chronique est savoureuse, la charge sociale est en double écran. Le tout est pour le moins largement consommable et a très bon goût.

Hector le boucher, Adieu veaux, vaches, cochons ! Jungle, 16,95 €

Adieu veaux, vaches, cochons !

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