Murky World, Corben dans un monde pas si sombre

Comme d’habitude, chez Delirium, on a les plus belles pépites traduites en français des meilleurs auteurs anglo-saxons. Et quand il s’agit de Richard Corben, que faire d’autre que se précipiter sur son dernier opus dont la publication est toujours en cours eux USA. Avec Murky World, le Grand Prix d’Angoulême 2018 signe l’histoire d’un brave type certes guerrier mais au bon fond qui va se retrouver dans une galère pas possible. Le tout dans un monde limite clair obscur où la réalité et le magique se font une guerre des frontières. Une balade initiatique violente mais aussi désarmante, le dessin de Corben est à lui seul un plaisir. Murky World a bénéficié d’un financement participatif très réussi pour une autre édition d’exception.

Murky World

Tugat, guerrier valeureux mais un brin niais, est dans l’ennui. Il vit dans ce monde trouble, sombre, où les repères manquent mais il a des exploits à accomplir si il veut bien s’y mettre. Sa marraine-fée pas gâtée par la nature l’affirme. Objectif une citadelle où il aura des révélations mais surtout qu’il ne se trompe pas de donjon. Une épée en cadeau et banzaï. Tugat à longue barbe se paume dans une forêt, se fait agresser et bien sûr se trompe de tour. Piégé, il découvre des créatures bizarres dans un bal masqué privé. Comme Tugat la ramène un peu trop il est condamné à mener des missions futiles et ceux qu’il aime mourront dans d’atroce souffrances. Ce dont il se moque éperdument. Métamorphosé en jeune beau mec il tombe sur la jolie Moja qu’il libère de son collier d’esclave. Mais elle n’est pas nette la belle. Tugat décide d’aller voir son maître Obex sauf qu’il y a soucis. Obex est mort et des gardes zombies l’attaquent. Quant à Moja elle a disparu. Provisoirement car leurs sorts sont liés.

Murky World

La narration est très fluide. On suit les aventures édifiantes de Tugat en toute simplicité. Richard Corben a un large sens de l’humour et son héros a le physique, le profil de l’emploi pour en être le support. De plantureuses amazones, les jumelles mamelles, des gladiateurs mais Tugat ne brille pas par son courage, Moja fait un joli tour nue dans l’arène. Que fera la bête qui devrait la dévorer ? Non pas King Kong. Grandiose ce Murky World succession de très courtes histoires relancées à chaque fois par le titre et la marraine. On va de découvertes en relances, en rebondissements, des personnages se découvrent, Turgat vieillit au fil des pages, et se refait une santé de héros valeureux mais méprisé. Il veut que Muja l’aime mais pas folle la garce. Le découpage, les cadrages, les décors, la fantaisie de Corben est un grand moment d’exubérance maîtrisée, riche et sublime. Unique. Avec un carnet de croquis en fin d’album.

Murky World, Éditions Delirium, 25 €

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