Les migrants ne font plus la une, Covid oblige. Et rien n’a vraiment changé que ce soit en Syrie, en Turquie, en Méditerranée ou en France. Avec Profession Solidaire dans la collection Témoins du Monde, on redécouvre Jean-François Corty, médecin humaniste et humanitaire, qui depuis vingt ans est en première ligne dans des ONG et à des postes de responsabilités. Que faire, que dire face aux discours hypocrites des états, des drames quotidiens, des migrants qui sont aussi la cible des populations des pays où leurs pas de détresse et d’errance les mènent. Dans cet album on revient en arrière sur une vocation qui va accompagner le début de ce siècle dans la douleur et la misère qui ne s’arrêtent jamais.
Devenu un habitué des plateaux TV, redouté pour sa franchise, son honnêteté désintéressée, Jean-François Corty est pied-noir d’origine, du Maroc, ce qui peut-être apporte aussi sa part d’explication à son destin face aux déracinés. Sa vocation sera précoce. En France il écoute une interview de Rony Brauman et du French Doctor bien connu, deux visions de l’humanitaire. Il choisit la première et part avec MSF en Érythrée. On est en 2000 et l’Éthiopie y fait la guerre. Première expérience, premières tensions. L’anglais de Corty ne cessera de lui jouer des tours. Après le 11 septembre direction l’Afghanistan et confrontation avec une guerre médiatisée aux ONG à gros moyens. Il arpente le pays. Le Niger ensuite au tout début des départs de migrants.
Jean-François Corty devient peu à peu un incontournable, un témoin auquel on fait appel, une référence qui ne fera pas évidemment l’unanimité car dérangeant. Dans cet album il témoigne et sa vérité fait mal que ce soit à Calais ou ailleurs. Plus libre que sur un plateau de TV rarement totalement objectif, il est lucide. Au dessin de cet album coup de poing il y a Marie-Ange Rousseau et au scénario Corty avec Jérémie Dres. Du vécu.
Profession Solidaire, Chroniques de l’accueil, Steinkis, 18 €
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