Vertigéo, vers des cieux intouchables

Un bouquin de SF qui change de l’ordinaire, grand format et une histoire de tours qui pointent inlassablement vers les cieux sans jamais percer les nuages. Les ouvriers qui les construisent sont soumis à une hiérarchie terrifiante sans pitié. Vertigéo tient d’une certaine façon du Transperceneige. Noir et blanc, un univers post-apocalyptique, manipulations, des héros anonymes, pas de salut sans les tours à moins que la vérité ne soit tout autre. On est pris par ce scénario fort de Lloyd Chéry dont c’est la première BD, Emmanuel Delporte et le dessin sans faille, puissant de Amaury Bündgen (Le Rite) qui fait frémir par son réalisme à chaque case.

Vertigéo

Guerre atomique, Terre dévastée, plus de soleil, on a frôlé l’extinction. Les survivants ont tous une spécialité pour accomplir le dessein suprême sous les ordres d’un grand maître. Ils bâtissent Vertigéo, une tour aux étages infinis ce qui n’est pas sans risques car les tempêtes sont fréquentes, balaient les échafaudages, tuent les hommes qui tombent du 49e étage. Mais un seul jour de chômage est une faute que sanctionne le Grand Chambellan. C’est une journée stérile. Un chef de chantier résiste, sait que sa punition peut être atroce. Seule la poussé compte. Les punisseurs sont là pour faire régner la discipline par la terreur. Jafar et le chef de chantier Ugo savent que d’autres tours se dressent, compétition. Et des monstres attaquent les chantiers en haut des étages.

Vertigéo

On est embarqué par la course sans fin des bâtisseurs qui ont pourtant aussi le doute à l’esprit. Pourquoi ces tours et jusqu’où doivent elles monter ? Qui le sait ? Un appareil mystérieux, une conteuse pour qui Vertigéo est le phare des survivants. Tout est bien mis en place, en scène dans cette saga de la survie et d’une lutte de classes qui s’ignorent. Un ouvrage majeur et une réussite graphique comme éditoriale.

Vertigéo, Éditions Casterman, 22 €

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