Wonder, un printemps si lointain

Ne s’use que si l’on s’en sert, et ça c’était avant Tapie qui se collera ensuite des piles dans le dos. Wonder est le titre du nouvel album signé par François Bégaudeau et Élodie Durand pour le dessin et la couleur. Wonder raconte une histoire, celle de Renée une jeune fille qui travaille dans une usine de piles. A la veille de mai 1968, en pleine période de plein emploi, la France ronronne avant d’exploser. Bégaudeau offre à Renée une prise de conscience et désormais plus rien ne va pouvoir l’arrêter Renée qui va avoir Wonder comme nom de guerre.

Wonder Pas rigolo l’usine quand on a vingt ans ou plus d’ailleurs. Il n’a pas d’âge pour être triste. Renée fabrique des piles chez Wonder avec plein de saloperies nocives. Elle fait gaffe à son corps. La liberté sexuelle sera pour demain. Avec une copine elle rejoint une manif. 68 année magique ? Les Beatles avec nous et la DS à ceux qui la fabriquent. Étudiants et ouvriers, chacun pour soit faut pas rêver. De Gaulle ou la chienlit, Renée découvre la Tour Eiffel et les CRS. Elle tombe sur un intello, Antoine. A l’Odéon et rue Gay-Lussac on barricade. Renée commence son apprentissage, artistique, social. Le peuple et les bourgeois feraient-ils cause commune ? Erreur. Elle flippe Renée. Elle a manqué l’embauche à l’usine. Mais devient Wonder et cherche sa place et coupe le bas de sa jupe en dégustant une religieuse. La grisaille de sa vie prend des couleurs. La réalité revient au galop, la fête est finie. Pas sûr.

Céder un peu c’est capituler beaucoup. Avec Renée on fait un retour en arrière vers un printemps lointain qui devait annoncer l’été. A se demander à quel moment on s’est fait avoir par les camarades qui voulaient des sous et des congés en se foutant pas mal des jeunots idéalistes qui ont gagné le droit de fumer en classe de Philo. Bégaudeau a tout vrai avec sa Renée qui est peut-être partie sur le Larzac. On a aimé en croiser des Renée, légères, belles, souriantes, libérées. Où sont-elles aujourd’hui ? Élodie Durand a mis au bon rythme, avec justesse et délicatesse, le texte de François Bégaudeau qui ravive avec émotion les souvenirs anciens.

Wonder, Delcourt, 17,95 €

Wonder

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