On va pouvoir ajouter La Bibliothécaire d’Auschwitz à la liste trop courte des grandes BD consacrées à l’Holocauste, à la déportation qu’il faut ne jamais envisager un instant ni d’oublier, ni de pardonner. On a pensé au Photographe de Mauthausen déjà de Rubio, aux Anges d’Auschwitz de Desberg et bien sûr au Rapport W de Nocq. L’histoire de Dita Adlerova, quatorze ans, amoureuse inconditionnelle des livres aura la vie sauve dans des circonstances atroces grâce à eux. Salva Rubio dont on sait toute la rigueur historique et le grand talent d’écriture a adapté le roman de Antonio G. Iturbe. Une histoire vraie que celle de Dita, bouleversant, pudique mais qui montre l’indicible, la monstruosité du nazisme qui n’est pourtant qu’une affaire d’êtres humains comme d’autres. Au dessin qui capte toute l’émotion de Dita, ses parents, ses camarades de camp, c’est Loreto Aroca au talent sobre mais terriblement efficace.
Une enfant qui vit à Prague, Dita, passe son temps à lire, a acheter des livres, une dévoreuse de papier insatiable, joyeuse. Une vie normale qui ne va pas le rester pour cause de guerre, d’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne. Les Adelrova sont juifs, doivent partir pour le ghetto, porter une étoile jaune. Puis quitter Prague, sans livres. Un train bourré de déportés arrive à Auschwitz, premières visions d’horreur de corps décharnés en tenue rayée, tatouage mais ils sont mis dans un block spécial sans être tondus ou déshabillés, sans être séparés. Fredy est le chef de block, autoritaire mais juste. Dita fait connaissance avec d’autres jeunes déportés. Elle doit trouver une mission au block B puis au block 31 comme assistante à l’école, un privilège rare obtenu par Fredy auprès des SS. Elle devient enfin bibliothécaire et remet en état les rares livres sauvegardés mais interdits par les Allemands.
S’évader d’Auschwitz par le livre, c’est cela l’espoir que donne Dita à ses codétenus voués à une mort certaine. Même si le block où elle est sera celui qu’on montre à La Croix Rouge pour témoigner du soin que les SS portent au déportés. Sous le regard du Docteur Mengele, un monstre qui pratique les expériences les plus atroces même sur les enfants. Dita sera sous sa surveillance et risque le pire. Mengele bien que pourchassé par Israël entre autres s’en sortira avec la complicité des régimes extrémistes d’Amérique du Sud. Elle vivra, survivra Dita, verra le pire. Il y aura le mystère Fredy, l’évacuation, la petite fille au courage chevillé au corps mérite que l’on découvre son combat. Salva Rubio et Loreto Aroca au dessin sobre mais puissant peuvent en être remerciés.
La Bibliothécaire d’Auschwitz, Rue de Sèvres, 22 €
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