Mauvaises herbes, le calvaire d’une petite fille

On les a raflé enfants pour en faire des « femmes de réconfort » pour l’armée japonaise pendant la seconde guerre mondiale. De jeunes Coréennes que le Japon devenu proxénète n’en déplaise à l’Empereur a transformé en prostituées avec abattage à la chaîne. Mauvaises Herbes c’est le témoignage de l’une d’elles recueilli bien plus tard par Keum Suk Gendry-Kim (qui a signé l’excellent et émouvant La Saison des pluies). On peut dire aussi que le Japon n’a pas été un cas unique dans le domaine, les SS se servaient pour leurs bordels dans les camps de la mort. Mais pour la Japon cela faisait partie si l’on peut dire des habitudes rendant encore plus atroce le système. 

Mauvaises herbes En 1996 en Chine, elle quitte sa famille et rentre en Corée à Busan où elle a été déclarée morte. 55 ans ont passé depuis la guerre et Oksun Lee revient pour témoigner en Corée du Sud sur les femmes esclaves sexuelles de l’armée japonaise. En 1934v elle rêvait d’aller à l’école mais sa famille était pauvre et c’est une fille. Seules garçons y vont. La vie est difficile et le Japon occupe le pays. La vie familiale est difficile et Oksun Lee et la bonne à tout faire. En 1937 la guerre sino-japonaise éclate. Pékin tombe, Shanghai aussi, Nankin où ils massacrent la population, brûlent les villages, font des concours de décapitations. Des centaines de milliers de civils sont exécutés. 350 000 au total. Enfant elle a une mère intransigeante. 450 000 Coréens deviennent des esclaves, on change leur nom et le japonais devient obligatoire. Oksun est adoptée par un restaurateur, on lui ment en lui promettant qu’elle ferait des études. Elle part et commencera alors son calvaire.

Tout est prémédité et Oksun Lee ne comprend pas de suite. On lui couper les cheveux et elle n’ose pas renter chez elle. Elle se retrouve dans un bistrot de passe comme elle le confie à la jeune journaliste qui plus tard la questionne. Oksin veut que le Japon paye. En 1942 à 16 ans, wagon plombé vers la Chine, dix par chambre et le viol par un groupe de soldats. Même à la capitulation du Japon elles ne pourrons pas retrouver un statut de femme libre, recevoir des excuses. Pas adoptée, vendue. Il y a énormément à découvrir dans ces 488 pages où Histoire, peinture, superbe travail graphique témoigne d’une horreur ordinaire pour une victime qui le restera face au révisionnisme japonais qui ne demandera pas pardon à la Corée.

Mauvaises Herbes, D’après le témoignage d’une esclave sexuelle durant la guerre du Pacifique, Futuropolis, 30 €

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