Clinton Road, carrefour de l’étrange

Une légende urbaine qui a donné naissance à un album glaçant particulièrement bien mené, Clinton Road. Une route qui existe vraiment et qui serait la plus hantée des USA. Un garde forestier, John, du comté de Paissac, se retrouve confronté à des évènements pour le moins curieux dans la forêt que traverse la Clinton Road à la réputation de carrefour de l’étrange. Vincenzo Balzano a monté une thriller qui joue sur tous les registres de l’angoisse, des doutes, des fausses pistes, le tout à la Hitchcock plus un soupçon de Shining. Que recherche John ? Quel est le rôle de son fils Benjamin dans cet endroit sauvage et reculé où bien des gens ont disparu dont deux Rangers en 1930 ? Une enquête qui va rassembler tous les disparus de la Clinton Road.

Clinton Road

1978, John patrouille sur la Clinton Road dans le New Jersey. Des braconniers d’après sont ami Sam qui tient le bar du coin errent dans la forêt. John sait que les chevaux de Ted le Rouge ont été volés. Pas évident que ce soit des braconniers. Arrivé près du lac, John manque se faire dévorer par un ours. Il est sauvé par un vieil homme qui habite dans une cabane toute proche. Il lui apprend qu’il entend souvent la nuit des bruits de voiture. John retourne chez lui pour dîner avec son fils Benjamin. Sur la route il croise un couple de touristes qui lui dit que le bar de Sam a brûlé et qu’ils cherchent un temple druidique, en réalité un vieux moulin abandonné.

Clinton Road

Stop, on n’en dit pas plus. Balzano laisse filer peu à peu des indices bien sûr. On s’y attend mais son ton est très persuasif d’où doute à tous les étages ce qui fait la force du récit dont on ne peut désolidariser le dessin, les aquarelles et les lavis dignes d’éloge, le découpage et les vues très cinématographiques. On est prix au piège évidemment, plongé dans un univers où la réalité sombre est à plusieurs étages. L’imagination de Vincenzo Balzano, qui a signé Immortal (2013), The Cloud (2016) et Run Wild (2018), est haut de gamme, mise à la disposition d’une œuvre qui inquiète, surprend avec ses fantômes dont on ne sait si ils sont ou pas le fruit de l’esprit ou de chair et d’os. Un album de 140 pages disponible qui met en relief toutes les fractures possibles de l’esprit humain et qui mérite vraiment le détour.

Clinton Road, Ankama, 17,90 €

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