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Culottées, Pénélope Bagieu et ses femmes de tête

Des femmes culottées, par obligatoirement tête de liste au firmament des héroïnes des siècles ou des cerveaux bien faits, non, des femmes courageuses et déterminées. Femmes de combats qui ne se sont jamais reniées, Pénélope Bagieu en a choisit quelques-unes et en fa ait des portraits à la fois émouvants, historiques et à l’humour toujours sous-jacent. Des histoires courtes, bien cadrées et aux dialogues savoureux. On peut se pencher sur les Culottés à plusieurs niveaux. L’un des plus passionnants et la découverte ou redécouverte de femmes au caractère sans faille qui ont eu aussi à affronter le mépris masculin si ce n’est leur violence.

Clémentine Delait, la femme à barbe ouvre le bal. Dotée d’une pilosité rare, elle décide d’en faire son métier. Elle sera célèbre , riche et reçue dans toutes les cours d’Europe. Un success-story incroyable et une volonté de fer. Plus politique c’est Nzinga, la reine du Ndongo et du Matamba africain. Elle va jouer à la fin du XVIe siècle sur tous les tableaux pour prendre le pouvoir et le garder. Sans états d’âmes face aux colonisateurs qu’elle remet à leur place. Margaret Hamilton c’est pour les cinéphiles la sorcière du Magicien d’Oz toute verte et au nez crochu. Bien que gravement brûlée sur le tournage elle continuera dans la même lignée horrifique. Politique encore avec les sœurs Mariposas en République Dominicaine. Belles, volontaires, elle s’opposent au dictateur Trujillo. En 1960 elles ont un accident mortel comme par hasard. Trujillo aussi, abattu un an plus tard.

On peut en citer bien d’autres que Pénélope Bagieu raconte avec beaucoup de passion et de bonheur. Au passage il y a Joséphine Baker, un cœur en or et résistante, Lozen, guerrière apache, Agnodice gynécologue antique qui s’est imposée comme médecin, et enfin la plus hard, Wu Zetian, impératrice de Chine au VIIe siècle, une politique encore qui a gentiment (enfin presque) mis les hommes à sa botte. Des choix judicieux, éclairés et qui sortent des sentiers battus. On ressent leur colère, leurs doutes parfois mais toujours leur désir d’aller encore plus loin. Une mise en scène qui fonctionne bien dans cette course en fait au bonheur et à la reconnaissance revendiquée.

Culottées, Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent, Gallimard, 19,50 €

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