Mangas

Invincibles au pays du Dalaï-lama, pardonner

C’est à la fois un manga d’action, de courage, qui s’appuie sur une réalité politique passée maintenant à l’arrière-plan plan de l’actualité, le Tibet sous annexion chinoise. Raison supplémentaire de lire Invincibles au pays du Dalaï-lama, rédemption individuelle mais aussi morale de son héroïne atteinte dans sa chair par un terrorisme aveugle et insupportable. Deux destins en parallèle vont se croiser grâce au scénario de Sofia Stril-Rever biographe du Dalaï-lama, et le dessin de Kan Takahama (L’Amant). Un voyage initiatique mais aussi de résistance pour exfiltrer un jeune moine du Tibet, atrocement brulé quand il s’est immolé, perdant l’usage de ses membres. Il y a aussi le Dalaï-lama qui sera le maître des mots, des émotions et des sentiments. Un ouvrage référence car basé sur des faits bien réels.

Juin 2019, Maya souffre dans une tempête de neige au Tibet. Sa prothèse lui fait très mal, douleur fantôme de son membre absent. Elle doit se concentrer sur le maître qui est en elle et se souvient en 2018 comment elle a appris, sortie du coma, qu’on l’avait amputée d’une jambe, victime d’un attentat à Paris. Maya commence par le rejet puis s’accroche, demande ce que sont devenus les terroriste. Par hasard elle regarde une interview du Dalaï-lama où parle aussi une certaine Sofia qu’elle contacte et qui vient la voir. Maya veut s’initier à la méditation. Sofia lui apprendra à aimer, à souhaiter que tous soient délivrés de leurs souffrances. Grâce à une prothèse révolutionnaire, Maya va remarcher et décider de créer les Invincibles que pourrait patronner le Dalaï-lama. Il ne reste plus qu’à aller le lui demander.

La narration est parfaite, on ressent les doutes, les souffrances, les espoirs de Maya. On est aussi ému par le destin et la force d’âme de ce moine martyr, par la capacité incroyable à pardonner. L’exil, la domination sans pitié de la Chine, la résistance non violente, la grande bonté et intelligence pétillante du Dalaï-lama, tout dans ce manga dépasse le simple cadre du récit et en fait un repère, une petite lumière d’espoir indispensable.

Invincibles, Au pays du Dalaï-lama, Massot Éditions, 16 €

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