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Mademoiselle Sophie, des mots pour des maux

C’est bien du bonheur que cette chronique douce-amère, ce conte si actuel qu’ont signé avec beaucoup de tendresse Zabus au scénario et Hippolyte au dessin et couleurs. Mademoiselle Sophie ou la Fable du lion et de l’hippopotame est un coup de projecteur très poétique et réaliste à la fois sur un petit garçon qui flirte avec l’adolescence et sur son institutrice complètement dévariée. Ce qui ne lui convient pas à Romain car il l’aime bien sa mademoiselle Sophie qui grossit à vue d’œil. Alors il faut qu’il sache, qu’il enquête contre vents et marées, parents et copains imbéciles. Romain a un grand cœur, petit lion courageux, honnête qui veut aider l’hippopotame mal dans sa peau. Émouvant, une belle leçon de vie.

Il est à l’école primaire Romain et bientôt au collège. Il a 11 ans et il est abasourdi par son institutrice en ce jour de rentrée de vacances de printemps. Mademoiselle Sophie a encore grossi, elle arrive tout juste à monter l’escalier. Des élèves imbéciles se moquent d’elle, de bouboule, de la grosse vache. Romain aimerait les faire taire mais il n’en a pas le courage face à la meute. Mademoiselle Sophie a une vraie passion pour ses élèves, elles les aime tous, ne crie jamais. Elle les a prévenus contre les rumeurs. Elle aurait bien besoin de Romain qui essaye de lui faire plaisir en répondant aux questions. Mademoiselle Sophie s’enferme dans sa classe à la récré. A la maison ses parents sont dans leur bulle. Seule sa sœur partie en fac, Louise, va l’aider quand il lui explique ce qui arrive à mademoiselle Sophie qu’elle a eu aussi comme instit. Enceinte, des vacances gastronomiques, un amoureux ? Il faut qu’il enquête. Il doit chercher les nuances derrières les apparences, comprendre qui elle est vraiment. Romain va chez elle et écoute une conversation édifiante.

Pour Romain et bien d’autres, un prof ça donne des devoirs et des mauvaises notes, des bulletins. Mais pas que. Il va en découvrir de belles Romain. Un prof ça peut être amoureux, faire du sport et puis Romain il sent bien que lui aussi il évolue. Il aimerait comprendre Sophie et n’est pas capable de se comprendre lui-même. Un débat très concret pour le lionceau et son hippopotame mal dans peau. Les deux auteurs jouent une partition sans fausse note, se complète et ne font qu’un. Ils livrent une fresque bienveillante qui mérite un large public, des jeunes lecteurs aussi pour faire comprendre ce que doit être la générosité. Un dessin subtil et profond.

Mademoiselle Sophie ou la fable du lion et de l’hippopotame, Dargaud, 23 €

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