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Proies faciles Tome 2, monstres ordinaires

Le tome 1 de Proies faciles n’avait pas fait dans la dentelle même espagnole. Car c’est là où se passent les polars très noirs et sociaux de Miguelanxo Prado. On n’est pas dans le grand banditisme mais dans la chronique de petites gens soit victimes, soit bourreaux pris au piège d’une société capable en plus de les maîtriser ou de les écraser d’un revers de main. Mais il y a bien des flics dans le coup, pas non plus des super-héros mais des besogneux compétents qui savent dénouer les fils d’intrigues tordues. Dans Vautours, sous-titre de ce second épisode, c’est clair sauf qu’il pourrait bien y avoir des surprises sur bien des plans pour l’inspectrice Olga Tabares et son adjoint l’inspecteur Carlos Sotillo.

Octobre 2016, à 15 ans, elle ne sait plus trop où elle habite la jeune et jolie Irina. Sa copine Carla l’interroge et finit par lui faire dire qu’elle est mêlée à des choses graves quand elle reçoit un texto. Le 7 mars 2017 ses parents la retrouvent morte dans sa chambre. Olga Tabares et Carlos Sotillo sont chargés de déterminer les causes de la mort. Ses parents ne se doutaient de rien. Carla par contre la trouvait bizarre, croyant avoir vécu des rêves qui pourraient être la réalité. Au collège elle posait des questions étonnantes à sa prof sans pour autant jamais évoquer le suicide. Irina voulait savoir si on pouvait hypnotiser quelqu’un par internet. Elle somnolait en cours. Bien que très jolie elle ne semblait pas harcelée. Les deux policiers interrogent à nouveau les parents qui l’on adoptée, venant d’Ukraine à l’âge de deux ans. Le juge est prêt à clore l’affaire.

Pas la peine d’en dire plus ni d’écrire de mots qui ouvriraient des pistes. Miguelanxo Prado a monté un scénario qui est au minimum machiavélique, et au pire parfaitement réaliste, plausible dans son abjection totale. Un talent majeur, avec une progression subtile, noire, aux rebondissements multiples dont le duo de flics va faire aussi les frais. Alors comment est morte Irina ? Il est très rare qu’on atteigne en BD un tel paroxysme de violence latente et d’horreur presque ordinaire et extraordinaire. Un royaume de monstres qui sont des anonymes insoupçonnables dans notre propre environnement. Impossible de lâcher cet album une fois qu’on l’a en main. Du grand art, sombre à souhait et même dans les teintes et les couleurs. Un dessin parfait.

Proies faciles, Tome 2, Vautours, Rue de Sèvres, 20 €

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