C’est l’un des dignitaires nazis les plus ambigus, controversés, Hjalmar Schacht banquier du Reich ne sera pas un nazi dans l’âme mais de raison, financier de génie, persuadé que le traité de Versailles en 1919 a mis son pays à genoux mais que ce n’est pas pour autant qu’une guerre de revanche résoudra le problème en 40. Ministre d’Hitler, il relance l’économie comme on l’a vu dans le premier tome. Il ira après la guerre aider aussi des pays du Moyen Orient. Pierre Boisserie et Philippe Guillaume au scénario, Cyrille Ternon au dessin, Céline Labriet aux couleurs, lui ont consacré un diptyque dont le second volume finit de cerner un personnage en fait tout à fait insaisissable et calculateur.
A Téhéran en 1952 Schacht négocie avec le pouvoir pour les concessions pétrolières qu’aimeraient récupérer Anglais et Américains. Un agent du Mossad lui demande de le suivre. Schacht l’a rencontré dans l’avion et lui a raconté le début de sa carrière avant 1933 puis comme ministre du Reich. Cet agent veut paradoxalement le protéger de son propre service. Mis à l’abri Schacht continue à raconter son parcours une fois qu’il a été limogé par Hitler tout en gardant son titre. Persuadé que faire la guerre à la France et à l’Angleterre est une erreur, il rencontre Hitler et un émissaire américain. Pour son interlocuteur israélien, une question prime : qu’est devenu Rolf Lübke, collaborateur de Schacht et juif ? Quand Schacht a-t-il comploté contre Hitler ?
Schacht était un professionnel de la finance, un surdoué, prétentieux et sûr de lui. Il complotera contre Hitler, sera arrêté après l’attentat de juillet 44 mais épargné bien que déporté. Il échappera de peu à la mort à la fin de la guerre pour être, bien qu’avec une étiquette de résistant, jugé par les Alliés, acquitté bien qu’ayant permis le renouveau économique de l’Allemagne sous Hitler. Ce ne sera pas simple pour lui de se refaire une virginité. Sa part d’ombre, son antisémitisme en fait, son complexe de supériorité, son attachement viscéral quoiqu’on en dise à la force économique de l’Allemagne auquel il croyait en font un cas à part qui a su tirer, au dernier moment, les marron du feu alors qu’il aurait pu mourir à Dachau ou abattu par un SS. Deux albums qui sont nécessaires pour comprendre aussi comment Hitler a pu arriver au pouvoir, y rester, ce n’est pas un hasard mais l’œuvre d’un entourage qualifié au moins au départ. Très bon dessin de Ternon dans le ton qu’il faut.
Le Banquier du Reich, Tome 2, Glénat, 14,50 €
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