Lozère Apocalypse, ça décoiffe

Que voici une bien curieuse et étrange aventure. Des gamins dont l’avion se crashent en Lozère d’où le titre, des poulets à moitié humains, un monde qui a subit un gros bobo, un mur qui a transformé en prison toute une zone, des ressuscités, on est dans un joyeux pataquès qui a au moins l’avantage de la nouveauté. Et du bien richement nourri car on en a pour son argent avec 200 pages d’aventures multiples et variées dans ce Lozère Apocalypse signé au dessin et scénario par Stan Silas qui avait déjà entamé le débat des mondes trafiqués avec Les Parasites.

Lozère Apocalypse

Orphelins, laissés pour compte, ils partent en avion (un Dakota en plus) pour une colonie de vacances. On les surnomme ces enfants, les alevins. Donc déjà méfiance si on était eux. Panique en vol, le mono saute en parachute et l’avion s’écrase. Les rescapés charmants petits bouts de choux vont selon leur caractère réagir. Malaury, Omar, Marc le dur, Mireille la majorette, Manuel avec son casque, tous font face mais voilà que déboule une kyrielle de jeunes poulets humains avec ailes, masque en forme de bec, qui pillent l’épave et bombardent d’œufs les enfants. Fuite dans forêt. Marc prend la direction des opérations. Mais Omar s’y oppose. Des pièges se découvrent comme l’arbre aux mouches lumineuses dont Lolo fait les frais. Autre découverte des carcasses d’avion dans un ravin. Ils ne sont pas les premiers. Les poulets reviennent à la charge et enlèvent des gamins. D’autres résistent quand un écureuil géant déboule. Michel est mis en cage et les autres réussissent à fuir pour tomber sur renard déguisé en pirate qui parle. Il les prévient, l’enfant poulet, Caillou aura leur peau si ils ne l’écoute pas. Marc quitte le groupe. Le renard leur raconte l’affreuse histoire de la ferme aux mille poulets, de la nuit bleue, de l’exode et du mal terrible qui a frappé la dernière famille d’agriculteurs dont le fils Caillou est mort pour ensuite renaître mi-homme mi-poulet.

Lozère Apocalypse

On suit ? Parfait car il va falloir s’accrocher au perchoir. Ça ne fait que commencer et les rebondissements vont se bousculer au portillon. D’où viennent les autres volatiles ? Quel est le rôle du renard ? Pourquoi tout ces avions chargés d’alevins ? On va découvrir une drôle de communauté dans un château, un cirque d’animaux anthropomorphes. Plus encore, le tout dans un monde fermé. On comprend peu à peu qu’il n’y a pas de hasard ce qui n’étonne personne. Silas avec un dessin original bien tenu s’est fait son propre monde, son univers pur et dur où se rencontrent tendances, envies, rêves, cauchemars. C’est innovant, ingénieux, assez unique même. On aurait pu peut-être élaguer un brin mais après tout une œuvre c’est un tout. On va attendre désormais la suite et la fin dans un tome 2 car la Lozère ça décoiffe, naturellement.

Lozère Apocalypse, Tome 1, Le Lombard, 20,50 €

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