L’Homme à la fourrure, le masochisme dans tous ses états

Voilà un album qui remet les pendules à l’heure. Sadisme, masochisme, sado-maso, des termes devenus courants dans le langage et qui gardent une bonne part soit de violence, soit d’incompréhension. Mais d’où vient le masochisme ? Tout simplement d’un homme qui l’a inventé et surtout rendu accessible par un écrit, La Vénus à fourrure. Leopold von Sacher-Masoch est un Autrichien. A la fin du XIXe siècle, il développe sa théorie amoureuse, être dominé pour mieux aimer en souffrant, frustré. Son roman va l’emporter dans une aventure qui sera complexe. On pense avec Masoch au divin marquis. Sade bien sûr. Unis pour le meilleur, façon de parler. Catherine Sauvat, avec beaucoup de talent, a développé son portrait, celui du créateur bien embêté du masochisme qui va venir un terme psychiatrique pour signifier une perversion sexuelle. Anne Simon a le dessin vivant à souhait et séduisant qu’ il fallait.

L’Homme à la fourrure En 1872, en Autriche, Leopold von Sacher-Masoch lit dans un salon son dernier roman, La Vénus à fourrure dont l’héroïne est Wanda. Elle tient son amant, Séverin, sous sa coupe, le frappe, le domine, lui fait signer un contrat d’esclave soumis. Elle le trompera avec son accord pour qu’il souffre encore plus.

« Qui se laisse fouetter mérite de l’être. »

Succès et un message d’une femme qui propose à Leopold von Sacher-Masoch d’être sa Wanda. Aurore devient sa Wanda. Le pauvre Leopold ne sait pas dans quoi il s’embarque. C’est un sacré numéro la Wanda qui va lui pourrir la vie. Le masochisme est né, contrat à l’appui. Elle va y aller gaiement Aurore qui épouse dans la foulée Leopold. Il lui passe tous ses caprices et continue à avoir du succès au théâtre. Ils ont des enfants mais leur relation se détériore. Aurore n’a plus la foi. Ils partent en Allemagne où Leopold va diriger une revue. Il prend une secrétaire. Et son épouse part avec un beau jeune homme.

Finalement, Leopold von Sacher-Masoch va payer la facture, dans tous les sens du terme, de son invention pour âme torturée. Il est tranquille Leopold et il s’aperçoit que son masochisme est devenu un tare grosso mode que les psychiatres débutants de l’époque, Freud compris, mettent à l’index. On ne va plus confondre sadisme, qui cause des douleurs par la violence, et masochisme, celui qui veut souffrir subjugué par la violence. On suit ? Bon. Leopold von Sacher-Masoch, à la fin de sa vie, pensait qu’il aurait mieux fait de laisser sa fantaisie dans l’antichambre plutôt que de la mettre dans son roman. Un très joli style graphique d’Anne Simon avec noir et blanc puis rouge pour le trait si extrait des textes de Leopold von Sacher-Masoch. Et surtout on découvre, on apprend avec cette biographie savoureuse qui se laisse dévorer sans souffrir.

L’Homme à la fourrure, Dargaud, 19,99 €

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