Retrouver David Sala est un plaisir. Il avait obtenu le prix de la ville de Sérignan en 2000, signé Replay (Casterman) ou l’excellent et prenant Nicolas Eymerich, inquisiteur (Delcourt). Cette fois il adapte une œuvre majeure, Le Joueur d’échecs de Stefan Zweig. Une traversée à bord d’un paquebot pour un duel aux échecs de légende entre un maître inculte et un inconnu, sur fond de nazisme, David Sala a su restituer toute la force et les particularités du roman aussi bien par le texte, ses choix, et un dessin inspiré, violent parfois, sublimé par des teintes qui accrochent et dirigent l’œil.
On sait pour ceux qui ont lu le roman de Stefan Zweig le comment et le pourquoi du joueur inconnu. Pour ceux qui vont découvrir l’œuvre à travers l’adaptation il ne faut pas en dire plus sous peine de trahir la base même de ce qui a motivé Zweig à écrire son roman. On pourrait parler de torture par l’espérance, de résistance de l’esprit, d’apprentissage de la solitude, de combat fou. L’échiquier est une porte de sortie non sans danger. On est impressionné par les portraits de Sala, son crayon investigateur capable de révéler le fond des âmes et la part inévitable de schizophrénie du héros que les échecs peuvent mettre en danger. Un album impressionnant qui se termine par un cahier d’esquisses permettant de découvrir encore mieux le talent de David Sala.
Le Joueur d’échecs, Casterman, 20 €
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