Un ourson, une petite fille, un monde où il n’y plus d’humains détruits par leur propre bêtise, des corbeaux et des ours en guerre, voilà un cadre d’exception pour ce conte qui peut se lire à plus d’un niveau. Berthile et le monde sans espoir est une réflexion douce-amère signée par Maurizia Rubino. Un bel ouvrage histoire d’amitié, de pouvoir et de tolérance qui pourtant ne tient qu’à un fil. Un album sur lequel il fallait absolument revenir. En pensant à un certain Petit Prince et son renard.
Ils sont tous partis les humains, disparus car ils ne savaient plus rien, ressentir, détruisaient leur monde par une folle technologie. Les animaux libres désormais ont pris leur suite et sont devenus comme eux. Destruction, domination, les ours er les corbeaux se sont affrontés. Les ours semblaient avoir gagné mais les volatiles ont repris le pouvoir. Les ours pourtant volaient et avaient des rayons mortels dans les yeux. Seule une petite fille semble avoir survécu, à la recherche de plumes de corbeaux pour se faire des ailes et apprendre à voler. Un ourson tout bleu la rejoint et lui dit savoir voler, enfin, un peu. Le duo devient ami. Hercule l’ourson va aider Berthile à combattre un vers géant. Mais Berthile s’attache à Hercule et déclenche un curieux mais violent phénomène.
Super nounours, Berthile au cœur pur, des corbeaux manipulateurs, Maurizia Rubino a su agencer avec un beau talent poésie, réalisme, leçon de vie avec cette histoire au large découpage qui n’est pas qu’un ouvrage jeunesse. Il y a une réelle beauté dans son trait, son scénario à tiroir, son style graphique multi-sources, sa part philosophique. L’enfer serait-il l’autre ou le contraire ? Il faut se laisser embarquer dans ce voyage souriant parfois, ambitieux mais si bien conduit. La liberté a un prix parfois très cher. L’espoir aussi. Émouvant et un dessin qui envoûte. Maurizia Rubino va signer le 5e tome des Merveilleux contes de Grimm chez les Aventuriers.
Berthile et le monde sans espoir, Les Aventuriers de l’Étrange, 23 €
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