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Automne en baie de Somme, argent et beauté

Un meurtre, sur une goélette échouée, un flic rompu au boulot mais un peu lourdaud, Alfons Mucha le peintre illustrateur, de belles « cocottes », le tout pour cet Automne en baie de Somme qui à la fois visite 1900 à Paris mais aussi propose un polar à la forme inédite, surprenante graphiquement. Philippe Pelaez est au scénario, Alexis Chabert au dessin (Punk Mamy). Un voyage sous le signe de l’Art Nouveau qui éclate dans les pages.

Il essaye de s’en tirer, blessé à mort sur le pont de son bateau. Trop tard et c’est un cadavre que vient voir l’inspecteur Amaury Broyan. Empoisonnée la victime dont les obsèques rassemblent du beau monde, politiciens, banquiers, industriels. Car Alexandre De Breucq était l’un des leurs et non des moindres, aimé par ses ouvriers comme le précise à Broyan son épouse Marthe. Qui l’attendra chez elle si il a des chaussures propres. Mais Marthe s’en méfie. Axelle pose pour Mucha. A la prison de Saint-Lazare on libère Thérèse qu’attend Broyan. C’est elle qui a avorté sa fille Florine qui en est morte. Florine avait été violée et Broyan veut savoir par qui. Thérèse le lui dit. On navigue à nouveau dans le grand monde pas très propre. Axelle accepte de poser pour Hugo, un jeune peintre alors que l’inspecteur rencontre Marthe sûre d’elle qui lui trace un portrait honorable de son mari. Il a laissé une trace sanglante, 266, avant de mourir.

On comprend vite que les affaires vont se recouper, les personnages avoir des liens. Broyan va devoir démêler le tout en étant lui-même évidemment concerné. On l’aime bien Broyan, taciturne, touché au cœur par la mort de sa fille. Mais il y a aussi l’empreinte permanente de l’Art Nouveau qui cadre les pages, propose des portraits très inspirés. La gentille Axelle, les Apaches au Lapin Agile, un journaliste, des anarchistes, la veuve noire et son matou, une enquête difficile car les cartes sont biseautées, truquées. Des cases éclairées, un trait bien établi pour cadrer les visages et les corps, les ambiances par le talent d’Alexis Chabert. L’argent roi, on est aussi dans un feuilleton bien mené par Philippe Pelaez. Argent, crime et beauté. Une lecture plaisir avec un déroulé très cinématographique.

Automne en baie de Somme, Grand Angle, 15,90 €

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