Sacré Charlemagne comme chantait France Gall, il en voulait de l’Espagne avant l’an 1000, chasser les Sarrasins. Et avec lui il y avait Roland, son cor (ou olifant comme on veux) et son épée Durandal. Après Karolus Magnus chez Soleil le sujet fait recette. On retourne chez les Basques avec le très bon tome 1 des Chroniques de Roncevaux par Juan Luis Landa. Une vraie envolée guerrière, à grand spectacle, impressionnante de fougue, de réalisme très maîtrisée que Landa assume en totalité. Une épopée qui finit mal mais ça on le savait depuis le départ car Roland et Roncevaux, le son du cor dans les montagnes, le rocher brisé par Durandal, c’est un mythe légendaire connu de tous dès l’enfance.

Saragosse résiste au siège des Francs. Roland est en péril, les combat sont d’une rare intensité. Mais Charles s’entête, campe au bord de la ville mais le siège est sans effet. Mais Roland blessé réapparait. Charles garde en otage un jeune prince basque, Soliman prisonnier. A la baisse du fleuve qui borde la ville les Francs abordent Saragosse mais où des troupes fraiches étaient arrivées. Une seule solution, payer une rançon énorme, de l’or à foison pour que les barons Francs repartent. La manœuvre du prince Al-Hossain marche et Charles en plus apprend que les Saxons se révoltent près du Rhin. Charles doit rentrer en août 778. Mais le retour sera périlleux, harcelé par une guérilla. Le pire est à venir car il va falloir traverser les Pyrénées après avoir dévaster Pampelune en conservant le prisonnier basque. A trop jouer, Charlemagne pourrait tout perdre.

On découvre aussi la psychologie politique de Charles, la vaillance et la détermination des Basques, le piège que sera Roncevaux sacrifié. La fresque est écrasante, les personnages hors normes, sans pitié. Le cor va sonner, Roland est le bras droit du corps de Charles. Une dramaturgie shakespearienne. Un désastre et une chanson de geste, celle de Roland qui pouvait désormais traverser les siècles.

Chroniques de Roncevaux, Tome 2, Munjoie ! Glénat, 14,95 €