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Rebis, malédiction et différences

Une histoire sur la différence, sur l’exclusion et la création de sociétés parallèles amenées un jour ou l’autre au conflit, Rebis qui a pour cadre le Moyen Âge est une somme de 192 pages au dessin très accompli qui aurait pu peut-être tenir sur moins. Même si encore une fois le trait s’impose par sa richesse et reste un plaisir permanent. Sorcières, persécutions, incompréhensions, associations, Irene Marchesini au scénario et Carlotta Dicataldo au dessin ont avec Rebis bâti un conte dont on ne dira pas la fin et dont les femmes sont en fait les seules héroïnes. Dramatique, poétique, et en cela la période choisie facilite astucieusement les choses.

Tout commence par un bucher où deux sorcières vont être brulées sous les yeux d’une petite fille. Girolamo ne peut y assister car sa femme accouche. La vie et la mort. L’enfant est un garçon superbe mais albinos, (ce qui est peu clair par contre visuellement au départ comme malédiction). La famille décide de le garder, Martino grandit, joue avec des larves aussi blanches que sa peau mais le village l’accuse de tous les maux. Les gamins du village le persécute, tue ses larves sauf une, il fuit dans la forêt. Et rencontre une curieuse et belle jeune femme avec des signes sur le visage. Apeuré il fuit et perd sa bourse. Sa jeune sœur Lena lui montre la poupée qu’elle a brodée. Le père de Martino décide de l’envoyer chez son oncle. De retour dans les bois un lapin le guide vers la maison de la jeune femme, Viviana qui a récupéré la larve qui a survécu. Et il y reste.

La rencontre de deux destins, de deux réprouvés dont les sentiments l’un pour l’autre vont s’épanouir. Partie de pèche, caillou magique et une suite qui a un petit côté Blanche-Neige. Qui est Viviana, il faut relier les fils entre eux et Martino va porter une robe, devenir Rebis. On passe à une autre différence, les interrogations de Martino sur la sorcellerie et son désir de devenir une sorcière. On se laisse très facilement porter par cette histoire qui sait rebondir, angoisser et réjouir, étonner. Une belle créativité artistique.

Rebis, Le Lombard, 23,50 €

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