Le Dr Destouches a bien des soucis. En cet été 1944, Louis Ferdinand Céline s’embarque pour un exil forcé de peur d’être accusé de collaboration avec l’ennemi à laquelle son antisémitisme primaire l’a abonnée. Christophe Malavoy a adapté les romans de Céline qui forment ce que l’on appelle la Trilogie allemande, sa cavale en terre nazie. Puis plus tard au Danemark. Au dessin on trouve les frères Paul et Gaëtan Brizzi pour un album enlevé, déroutant et bourré de talent dont, il faut le reconnaître, celui de Céline qui reste l’un des grands de notre littérature.
Et ce n’est pas fini. Céline continue une cavale en plein délire dans une Allemagne qui agonise mais peut mordre encore. Même sans avoir lu Céline qui publiera après-guerre ses bouquins sur cette période, on est sidéré par le travail de Malavoy et celui des frères Brizzi. L’album est un opéra baroque dont les textes sont porteurs, éclairés jusqu’à la fuite à Sigmaringen où Pétain et sa clique s’est réfugiée. Pour eux c’est le crépuscule des Dieux d’opérette, médiocres et malfaisants, d’une droite extrême qui aurait du disparaître. On peut être séduit par Céline, au moins pour son talent d’écriture sans oublier pour autant sa haine viscérale et malsaine, inacceptable des Juifs. Christophe Malavoy signe un album qui détonne, étonne et séduit.
La Cavale du Dr Destouches, Futuropolis, 17 €
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