Et si Adolf Hitler n’était pas mort à Berlin, si il avait mis en scène son suicide et était parti en Amérique du Sud ? Abraham Martínez, dans Ma Retraite, reprend une théorie qui a eu longtemps ses adeptes au moins officieux ou complotistes pour finalement ne pas tenir, bien sûr, face à la réalité du cadavre du bunker. Une uchronie en fait mais qui est d’autant plus glaçante qu’Hitler organise sa fuite, met en scène, vit au quotidien sans regret l’horreur de ses actes et ne demande qu’une chose, reprendre le pouvoir. Côté graphisme, on est dans un dessin à base vectorielle, ce qui est pas si simple à maîtriser mais qui, dans cette retraite forcée, fonctionne quand même assez bien dans les formes et sublime les ambiances angoissantes, noires. Martinez rend monstrueux son Hitler en cavale car il le plonge dans une réalité de faits, bombe atomique, nostalgiques puissants ou l’Europe du Marché Commun.
On suit pas à pas un Hitler égal à lui même qui commence à tracer des plans de retour en s’appuyant sur des moyens colossaux. Il va vouloir à tout prix retrouver un camarade de classe juif sur lequel il avait déjà expérimenté ses pensées racistes. Mais revenir at home ne sera peut-être pas une bonne idée. Martinez s’en tire avec une pirouette glaciale. Restent les idées du monstre qu’il ressasse et qui peuvent revenir à tout moment, une idéologie qui elle n’est pas morte dans les ruines de Berlin. Un album atypique, courageux, qui ne fait pas sourire, au contraire, mais est un rappel nécessaire. Une citation d’Hitler boucle l’ouvrage : « La plus importante et le meilleure leçon de l’Histoire, c’est peut-être que personne n’a appris les leçons de l’Histoire ». A méditer. A noter enfin que chercher retraite et Martinez sur le web ne donne pas obligatoirement le résultat escompté pour cet album. On se détend comme on peut.
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