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Les Mémés, c’est bon pour le moral

Dans le séduisant registre d’un quatrième âge victorieux, désabusé, acerbe et à l’humour destructeur mine de rien, il y avait Carmen Cru de Lelong. On l’a aimée passionnément, à la folie la vieille à vélo et elle a marqué à jamais la vision prudente qu’il faut avoir désormais des personnes dites âgées. Et puis sont arrivées les Mémés de Sylvain Frécon, dignes héritières de Carmen, des survivantes bon pied bon œil, des modèles à suivre de près, des cas d’espèce qui ont tout de la synthèse comme les très chères Vamps autrefois sur scène. Les Mémés, on ne les avait pas oubliées mais leur bouquin trainait sur la table de nuit pour se requinquer à fortes doses pendant le confinement entre deux vaccins. Il est encore largement temps d’en parler. C’est bon pour le moral et mieux vaut tard que jamais. A prendre à la plage pour se marrer comme une baleine sur sa serviette.

Elle est un tonneau sur pattes, la couleur de cheveux à faire exploser un écran plasma ou un foulard pour cacher le désastre, le caddie pour les courses accroché au corps et la langue bien pendue. Car rien ne lui échappe et elle se mêle de tout. MeToo et 1981, même combat, les riches en Suisse avec leur fric et peut-être leurs attributs. On sauve ce qu’on peut. Elle joue aux jeux vidéo, aime les fèves de galettes d’où qu’elles viennent, même celles qu’avait avalé sa grand-mère. Elle est bigleuse mais quand ça l’arrange, a une copine grande perche à gros nez. Dans son caddie il n’y a pas de tomates mais ses névroses. On devrait tous en avoir un. Et puis il y a la Covid, le masque à usage multiple.

Elle a de l’humour, celui qui tue. Game of Thrones c’est un raccourci de sa propre vie, sexe, passion, action, vengeance. L’amour c’est son remède et si on pouvait en faire des suppositoires, alors ! Les gags de Frécon sont des petits grands bonheurs qui flirtent avec les fondamentaux, la poésie surréaliste, démonte notre époque et notre société. Les Mémés ont grandi, bien vieilli dans Fluide. Elles nous font du bien ces dames qui sont des résistantes, des survivantes du XXe siècle, d’un Titanic qui n’en finit pas de couler au XXIe. Enfin du sympa, du joyeux, du requinquant les Mémés.

#LesMémés, chroniques des âges farouches, Fluide Glacial, 9,90 €

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