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Degas, un solitaire au génie individualiste

D’accord, on adoré ses danseuses visibles à peu près dans tous les grands musées du monde mais on ne savait pas tout sur Degas, un sacré caractère assez imbu de lui-même, un solitaire volontaire qui a eu une vie de peintures, de sculptures, entouré par l’aréopage de ceux que l’on va appeler les Impressionnistes et dont il sera le catalyseur. Efa et Salva Rubio, après Monet, Django, offre à Degas la scène d’un théâtre où il peut être analysé en détail par celle qui sera sa seule vraie amie Mrs Cassatt. Un album une fois de plus splendide sur un peintre compliqué et génial qui méritait bien cet hommage précis.

1917, au cimetière du Montparnasse, une vieille dame est sur la tombe de Degas. Mrs Cassatt se rappelle d’un homme seul, des deux Degas, celui qui bougonne et celui qui grogne. On se souviendra de ses danseuses adorées, de ses blanchisseuses. Mais qui, hormis elle, a vraiment connu Degas l’inquiet, le secret. En 1852 Degas commence sa carrière comme intermédiaire auprès d’un collectionneur pour le prêt d’un tableau d’Ingres qui débarque chez lui à la grande stupéfaction du jeune homme. Et Degas d’avouer à Ingres qu’il veut devenir peintre comme lui. Son père est amateur d’art fidèle aux grand maîtres. Degas est brillant au lycée et finit par faire les Beaux-Arts. Il ne sera jamais un bohème, sûr de lui, et adversaire du Salon qui officialise les talents. Lui, Degas trouvera l’art du XIXe siècle.

C’était mal parti dès le départ côté caractère. Cela va empirer, masque dans les carnavals, sans attaches féminines, ami de Manet que Degas juge bourré de défauts et avec lequel pourtant il va entretenir des liens étonnants. Degas trouve son chemin sur la scène d’un ballet et part en Louisiane. Miss Cassatt, elle même peintre va décortiquer Degas et aurait pu être son épouse. Monet, Renoir, Cézanne, Frédéric Bazille et d’autres seront autour de Degas toujours obsédé par la création d’un salon anti-salon. Mrs Cassatt fait revivre Degas et l’aventure impressionniste. Le duo Efa-Rubio a une fois de plus peint un portrait exceptionnel, humain, aux couleurs et cadrages sans pareils.

Degas, La danse de la solitude, Le Lombard, 17,95 €

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