Les Sauvages, père et fille pour la vie

En progrès constants, en évolution parfaite vers des sujets de plus en plus variés depuis Un Jour il viendra frapper à ta porte en passant par L’Œil du STO (avec Nadar) jusqu’à Monsieur Apothéoz, Julien Frey s’impose comme un brillant scénariste. On le retrouve avec une œuvre très personnelle, familiale et aussi animalière, défense des espèces. Protection de la nature, alerte et leçon de choses, pour avec sa fille garder un souvenir impérissable de son enfance qui va bientôt se transformer en adolescence. Balade indonésienne pour voir des éléphants sur fond d’arrivée galopante du Covid, Les Sauvages est un moment de bonheur où le documentaire animalier s’aligne en souriant avec celui des relations toujours assez fusionnelles père-fille. Dessin parfait, bien dans le ton de Nadar (Papiers froissés, Le Monde à tes pieds).

Les Sauvages

Juin 2019, de Montpellier les Frey passent à Sarlat pour cause de mutation maternelle. Julien lui il peut à peu près écrire partout. Maison, gazon et enfants, Joanne dix ans et Benjamin le cadet. Joanne grandit, mais fait encore des câlins à son papa. Ce qui risque ne pas durer pour cause d’adolescence proche. Julien pour marquer le passage futur se souvient que Joanne rêvait de voir des animaux. Alors il prend contact avec un copain belge, Johan Michaux scientifique biologiste qui va aller en Indonésie dans le sud de Sumatra. Il part avec une étudiante Chloé qui fera un doctorat sur les éléphants. Julien et sa fille peuvent les accompagner. Février 2020, date importante, c’est le départ. On parle bien du Covid mais il ne viendra pas en France allons. Joanne commence son apprentissage découverte dans l’avion, apprend ce qu’est l’ADN. Arrivée à Bandar Lampung, un village dans les rizières, on va voir les éléphants de Sumatra au centre de conservation du parc de Kambas. Comme on a détruit en partie la forêt pour construire, les éléphants ont souffert. Joanne va se faire la narratrice au fil de la BD en présentant ce qu’elle apprend dans des fiches d’une page. Des découvertes, les dangers de l’huile de palme, fille et père sont en phase.

Un chemin initiatique mais qui permet d’apprendre beaucoup en se distrayant, Julien Frey a trouvé la bonne recette mais ne sera jamais un grand aventurier. Beaucoup d’anecdotes passionnantes, drôles marquent le périple où les animaux retrouvent leur place si ce n’est leur nombre. BD qui alerte aussi très documentée, étayée, on parle indirectement de tourisme de masse nuisible. L’océan en péril, les raies, les requins, ils ont fait un beau voyage à plus d’un titre. Pour finir au retour en plein confinement. Mais non comme disait un certain Veyran, le Covid ce n’est pas grave. Des masques, inutiles. Là aussi on rêve avec le recul. Sacré Julien.

Les Sauvages, Futuropolis, 22 €

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