Churchill T2, du sang et des larmes

Il aura été l’un des plus grands dirigeants du XXe siècle, pugnace, combatif, lucide et surtout, seul contre tous quand il fallait faire face au nazisme et à la lâcheté des politiques européens. Winston Churchill méritait bien un diptyque dans la collection Glénat-Fayard. Vincent Delmas et François Kersaudy sont au scénario bien construit précis et à la fois généraliste car la vie de Churchill est un roman. Dans ce tome 2, on est en 1940. Du sang et des larmes, pour ne pas avoir su dire non quand elles le pouvaient encore, les démocraties vont le payer du sang de millions de morts, d’horreurs inimaginables et d’un rideau de fer stalinien, terme de Churchill, une fois que l’URSS aura mordu dans le gâteau de l’Europe de l’Est. Churchill, hormis sa capacité à gouverner dans les pires moments, savait anticiper. C’est peut-être pour cela aussi, on le verra, qu’avec De Gaulle ils ont formé un duo capricieux mais efficace.

En Angleterre, on serait au plus haut niveau pour une négociation avec Hitler. En 1939, la guerre s’est mal commencée. Chamberlain veut la paix, Halifax se sent incapable de lui succéder. Ce sera Churchill qui comprend vite que la France va capituler et qu’il faut sauver l’armée anglaise à Dunkerque. Le général Brooke réussit. Les USA et Roosevelt, pas dupe et qui sait que le tout des USA viendra pour se battre, ravitaille Churchill qui livre la bataille d’Angleterre en 1940 sous les bombes allemandes. Et si les nazis débarquaient ? Les relations avec la France Libre de De Gaule sont tumultueuses après le drame de Mers el-Kébir. Plus de débarquement en vue, Hitler envahit l’URSS. Il faut se battre en Afrique du Nord, en Libye. Montgomery contre Rommel en 1942. Les USA ont vécu Pearl Harbor. Churchill est aussi l’ambassadeur des grandes causes même si Britannia d’abord. Les Alliés débarquent en Algérie et au Maroc. Churchill est frénétique, seul aux commandes. Ce sera le 6 juin 1944 et le début de la fin pour l’Allemagne mais ce n’est pas fini. Staline veut Berlin et exige que les troupes US n’y aillent pas.

Une intelligence intuitive, Churchill a vite compris que l’Occident serait le dindon de la farce soviétique. Et que le communisme était le nouveau danger faute encore une fois de ne pas avoir su dire non mais au prix d’une autre guerre dont, cette fois, personne ne voulait. Il a été le patron, incontournable et victorieux, souvent dans la douleur et parfois dans le doute. Un manipulateur brillant, finaud, et fidèle à ses alliés. Jongleur de bons mots, aux formules lapidaires, Churchill sera comme Clemenceau, De Gaulle, évincé la victoire acquise. Mais c’est une autre histoire. Un sujet passionnant qui aurait sûrement mérité un dessin plus élaboré, plus soigné et précis. Un dossier excellent sur la période 1939-1945 clôture l’album.

Churchill, Tome 2, Glénat-Fayard, 14,50 €

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