Du vécu un peu amélioré mais qui sur le fond est passionnant et remarquable. Comment deux journalistes se sont faits passer pour des chocolatiers afin de pouvoir infiltrer un voyage professionnel en Corée du Nord. Ils vont réussir à y faire en fait un reportage ni vu ni connu ce qui aurait pu leur coûter cher mais les deux confrères avaient bien préparé leur opération. Pyongyang parano est signé par Antoine Dreyfus (c’est lui qui est le vrai héros de ce coup monté superbe), Emmanuelle Delacomptée au scénario aussi et au dessin Fanny Briant qui a su maîtriser un trait légèrement caricatural tout en en gardant un réalisme puissant. Une balade qui se lit d’une traite et une plongée dans un monde où le mot liberté est une insulte. Sacré Kim Jong-un.

Avoir un visa de journaliste pour la Corée du Nord est impossible. Alex le sait lui qui vient de manquer un scoop avec Bachar El-Assad. Sa copine Marise est une grande reporter chevronnée. Elle le console car en prime Linda l’a quitté. A la télé il voit une vidéo sur Kim Jong-un qui élimine joyeusement ses ennemis famille comprise. Il insulte les USA, se rapproche de Poutine (des soldats coréens seraient en Ukraine aujourd’hui, NDLR). Alex a une idée et va voir Marise. Ils vont aller rencontrer Kim Jong-un, plus photos si possible. Marise veut voir la vraie Corée, celle qu’on nous cache. Ils ont déjà fait la Bosnie ensemble. Mais la seule solution est d’infiltrer un voyage de touristes, elle l’a fait mais ça n’a rien donné. Le type, un Espagnol qui avait organisé ce voyage est un fan de Kim Jong-un et cherche des investisseurs pour la Corée du Nord. Une solution possible pour les deux reporters est de se mêler à un voyage d’affaires. Idée géniale mais qui va demander une préparation pointue surtout si on veut se faire passer pour des négociants en chocolat.

Ils ont du cran les deux journalistes, de l’humour et de l’expérience. On est à leurs côtés dans cette aventure hors normes et dangereuse. Si ils sont pris ils peuvent y passer et la France ne pourra rien faire. Une préparation minutieuse, une couverture totale et l’accord du voyagiste, ils partent pour le meilleur et le pire. Ils étudient même un manuel d’interrogatoire au cas où. Pistés, suivis, encadrés, Alex et Marise ne se font pas piéger dans un monde tragique et surréaliste. Marise est le fer de lance qui connait bien son sujet. Un pays ubuesque très bien décrit, on a de quoi être effrayé car Kim Jong-un ne reculera devant rien. On sourit quand même devant entre autres la dégustation de chocolat. Un très bon album qui donne à réfléchir. Les blaireaux des légendes plutôt que le bureau des légendes.

Pyongyang parano, Deux journalistes infiltrés en Corée du Nord, Marabulles, 23,95 €