Une excellente idée que de ressortir Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur. Première parution chez Dargaud et renouveau largement mérité chez Des Ronds dans l’Ô, Eric Corbeyran au scénario et Gwangjo au dessin signe un ouvrage à la fois sur la création littéraire, l’inspiration et second plan la violence faite aux femmes dont aujourd’hui on sait, on peut parler. Un romancier au faux air de Gary, une jeune femme qui perd la mémoire, comment ces deux-là vont-ils se rencontrer pour le meilleur ou le pire selon l’angle qui l’on veut bien voir en premier. Le dessin est très affiné, réaliste sans excès déplacé. Un bouquin qu’on ne peut laisser tomber avant la dernière page.

Louis Levasseur, écrivain en mal d’inspiration, voire raté, a des états d’âme sur les années qui passent. Lucide quand même, il fait les poubelles de ses voisins pour trouver dans leur intimité une piste éventuelle de roman. Des tonnes de mode d’emploi et un journal personnel, ce sont ses dernières trouvailles. IL se plonge dans ces pages où une jeune femme raconte qu’elle perd la mémoire, incapable de se servir des appareils ménager. Son mari lui impose un budget serré. Levasseur sent qu’il tient une idée de roman, la propose à son éditeur qui doute. La concierge lui apprend que Léa et son mari Xavier ont déménagé. Dans leur appartement vide il ne trouve qu’une boucle d’oreille perdue par Léa.

Un puzzle qui se met en place dès le succès phénoménal du roman de Levasseur, une enquête qui doit amener à découvrir qui est vraiment Léa pour laquelle Levasseur s’est pris de passion, curieux mais aussi accroché sentimentalement par cette inconnue qu’il connait en fait, au moins partiellement, par son journal. Avait-il le droit de s’en servir? Léa est-elle malade ? Pourra-t-il la retrouver ? Léa est-il un fantasme, une icône ou au contraire une réalité qui n’a pas tout dit ? On est bouleversé par ce parcours sans fard et émouvant parfaitement écrit et mis en images grisâtres comme la vie de Léa.

Léa ne se souvient pas comment fonctionne l’aspirateur, Des Ronds dans l’Ô, 18 €