Corb-Nez, la reine fugueuse

Un monde médiéval où la pitié est une maladie honteuse, un monde de violence, de traîtrises, de domination, dans lequel la politique joue un rôle primordial pour qui veut assoir un pouvoir totalitaire aux alliances vitales. Dans Corb-Nez on retrouve ce sacré Charlemagne mais pas vraiment le gentil empereur à la barbe fleuri. Deux grands talents se sont associés pour faire vivre les malheurs de la duchesse de Bourgogne qui risque de finir étranglée. Jérôme Charyn est un maître es-polar, complice de Boucq avec dernièrement Little Tulip qui pourrait bien avoir une suite. Cette fois c’est le Haut-Moyen Age qui l’a inspiré pour cette histoire de fer et de sang adaptée par Hélène Herbeau. Emmanuel Civiello lui a donné un cadre peu ordinaire, enluminé par des cartouches qui s’inspirent des manuscrits de l’époque. Son dessin est riche, marqué par un réalisme exacerbé des personnages et de leurs attitudes. Au total, une œuvre qui dépasse le simple cadre de la BD pour rejoindre celui des grandes chansons de geste.

Corb-NezUn moine narrateur, Bernardo a connu tous les destins pour appartenir à Guillaume l’Hébreu, au nez crochu, Corb-Nez. Mais avant il a été fait prisonnier par Youssef de Cardona. Witgar, duchesse de Bourgogne était venue se réfugier chez lui. Son mari Guilford roi de Bourgogne était un fou sadique. Mais la reine fugueuse semait la pagaille dans les sphères politique de l’époque. Corb-Nez avait pour mission d’assiéger les cités de Youssef à la demande de Charlemagne. Il doit négocier le retour de Witgar à Aix-la-Chapelle, capitale des Francs. La reine accepte et Bernardo la suit. Corb-Nez a évité une guerre avec Youssef. Sur la route du retour Guilford veut récupérer sa femme mais Corb-Nez affronte en combat singulier le héros de Guilford qu’il tue. Leurs troupes s’affrontent et grâce au savoir militaire de Bernardo, Corb-Nez remporte la victoire. Il avoue son affection à la reine. Mais comment éviter la mort à Witgar ?

Une lutte acharnée entre Charlemagne et Corb-Nez, un amour courtois passionnel, une reine perdue accusée de sorcellerie imparable moyen de se débarrasser d’elle, des complots et des tentatives de meurtres, des vassaux rebelles, tout est rassemblé pour donner une vision fidèle de ce qu’a été ce fameux an 800 du futur empereur Charlemagne qui va tenter de tirer les marrons du feu d’une situation délicate. Civiello a peint son album. Couleur directe et perfection de chaque détail, un album de haute lignée.

Corb-Nez, Le Lombard, 16,45 €

Corb-Nez

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