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Mitterrand Requiem, mystique et émouvant

La mort de François Mitterrand, ses dernières semaines, ses derniers jours, Joël Callède s’est servi non seulement de son admiration de l’homme mais aussi de son sens de l’objectivité pour en tracer le déroulé comme scénariste-dessinateur. Pas évident comme sujet. Dans Mitterrand Requiem, il part bien sûr du dernier discours officiel où le président, très malade, évoque les choses de l’esprit. Un retour sur une vie dont les actes sont le plus souvent désormais inscrits dans les pages de la grande Histoire. A lire aussi l’interview de Joël Callède sur cultureBD.

Tout commence, au moins pour ce requiem, en Égypte pour laquelle Mitterrand avait une passion et où il amène passer sa fille Mazarine quelques jours. On est à la fin 95. Il y fête Noël et, dans un rêve qui est l’entrée de l’album, il va recevoir Anubis, dieu des morts de l’Égypte antique. Mitterrand a désormais un interlocuteur, lui qui dans son dernier discours officiel avait promis aux Français qu’il ne les quitterait pas et qu’il croyait aux choses de l’esprit. Comme un témoin qui a va aider son passage vers une autre vie, Anubis l’incite à revenir sur les grandes étapes de son existence. Une jeunesse de droite, la guerre, Vichy et la résistance, la gauche et des élections perdues ou enfin gagnées. Il aura des regrets, celui d’avoir été Garde des Sceaux acceptant des exécutions capitales pendant la guerre d’Algérie. Il fera pourtant abolir la peine de mort. Les suicides de Bérégovoy et Grossouvre seront sa croix. Sa joie ultime l’amour de sa fille cachée Mazarine. Jaurès le convainc que tout est mystique dans la vie.

Joël Callède. JLT ®

Homme de pouvoir, politique jusqu’au bout des ongles, François Mitterrand comme le dit Joël Callède aimait la France à la folie. Homme d’état, esprit brillant d’une rare intelligence et culture, il était aussi un adversaire, voire un ennemi impitoyable. Callède a de l’affection pour lui, on le sent, tout en ne niant pas les travers de l’homme. Son ouvrage est émouvant, prenant car le ton est authentique, pas enjôleur. Un essai très journalistique ce requiem bien tourné et ciselé.

Mitterrand Requiem, Le Lombard, 17,95 €

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