Terra Doloris, adieu à l’Australie

Pas vraiment une suite ponctuelle au remarquable Terra Australis, si ce n’est dans le thème, le propos, la violence et la dureté implacable d’un siècle qui sera pourtant celui des découvertes et d’une révolution. Terra Doloris c’est finalement le côté noir de la force où la vie humaine n’a pas d’importance face aux intérêts nationaux, expansionnistes. Encore moins celle des aborigènes, des esclaves voire des marins de sa gracieuse majesté. Terra Doloris montre aussi des destins hors normes, des abrutis imbus de leurs personnes, la réalité d’une époque passée au crible par Laurent Frédéric Bollée et mis en images fortes, touchantes, grises et soulignées de noir par un Philippe Nicloux inspiré. On rembarque avec eux.

Terra Doloris Sidney, un comptoir où on se hait en 1791, créé avec des déportés et sous contrôle de l’armée anglaise. La mort d’un botaniste, David Burton qui croit dans ce pays neuf mais qui ne sait pas comment tout a commencé. Par un viol collectif. Un couple de relégués qui va s’enfuir, Mary et William Bryant. Une odyssée terrible pour Mary tandis qu’à Londres on décide de traquer les mutinés du Bounty. Le commandant raconte et on désigne le capitaine Edwards pour les traquer. Un dur, sans états d’âme. Sur leur esquif Mary, ses enfants et une poignée d’hommes sont les jouets de l’océan mais arrivent à bon port à Kupang tandis que Edwards échoue son navire. Mais la route de Mary évadé de Sidney et celle du terrible Edwards vont se croiser pour le pire. Mary est sa famille est arrêtée, son fils meurt en prison. Destination l’Angleterre et ses cachots. Mais Mary sans le vouloir est devenue un héroïne.

Terra Doloris

Des chapitres qui touchent à des facettes ayant toutes pour sujet des épisodes des débuts de l’Australie. Un Australien d’origine qui meurt de la variole apportée par les colons ou Thomas Muir un forçat devenu planteur, un Écossais qui lutte pour l’indépendance et que l’Angleterre va pourchasser. Lui aussi comme Mary veut revenir chez lui. Des tranches de vie à l’échelle d’un continent, elles se lisent comme autant de romans d’un incroyable richesse, bourrés de péripéties et d’aventures souvent tragiques. Victimes et bourreaux, un récit qui bouleverse remarquablement tenu aussi bien graphiquement que narrativement. L’Australie, terre de douleur.

Terra Doloris, Glénat, 35 €

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