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Mademoiselle Baudelaire, muse unique et fatale

Trois superbes cahiers ont précédé Mademoiselle Baudelaire, album hommage signé par Yslaire pour le bicentenaire de la naissance de l’écrivain le plus remarquable, génial, maudit et reconnu qu’après sa mort. Un poète de l’obscur qui fut aussi un cœur tendre, pour une femme et une seule, sa Vénus Noire. C’est cette liaison passionnelle, à la vie à la mort qu’Yslaire a magnifiée. Qui était-elle vraiment? Une muse ? Pourquoi Baudelaire ne pouvait vivre que par elle ? A sa mort, elle demanda sa part d’héritage à sa mère. De l’enfance de Baudelaire à ses années de bohème puis à son déclin physique, on suit à la trace un homme bouleversant, entier et finalement très seul. Yslaire a investi, compris et restitué toute la grandeur humaine et littéraire de Baudelaire.

Elle l’appelle Monsieur et le tutoie. Elle est belle, noire et sera à ses obsèques le 31 août 1867. La Vénus Noire viendra demander sa part d’héritage, elle pour qui Baudelaire a dépensé jusqu’à son dernier sou. Enfant il perd son père. Sa mère ne restera pas veuve longtemps. Un an après elle épouse un général. Charles en souffre et perd sa petite soeur née de ce nouveau mariage. L’albatros ou des corbeaux planent sur sa tête et dans son coeur. L’Albatros sera un de ses premiers poèmes quand il voyagera dans les îles de l’Océan Indien envoyé par un beau-père pour qu’il se calme. Sur scène à Paris une jeune femme joue les seconds rôles. Baudelaire a le flash de sa vie.

Et ce n’est que le début que raconte d’ailleurs la Vénus en personne. Musset, De Banville, Nadar, De Nerval ont tous connu Jeanne puisque telle est son nom. Tous ont un certain succès sauf Charles dont la passion est totale. Il y aura aussi la Louchette, un premier béguin, et les sous qui partent de l’héritage paternel. En fait Baudelaire brûle la vie qui le détruit. Yslaire serait-il une sorte d’héritier de Baudelaire dont il dit ressentir tout le poids du romantisme noir ? Il évoque aussi sa dualité et trace un portrait décisif du poète au fil des pages. Opium, alcool, syphilis, la mort accompagne Baudelaire du début à la fin et lui a donné sûrement aussi le ton de ses poèmes. Un ouvrage de référence, une œuvre d’un incroyable beauté qu’Yslaire a portée avec lui. Et un hommage qui éclaire d’un jour nouveau Charles Baudelaire.

Mademoiselle Baudelaire, Aire Libre Dupuis, 26 €

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