Catégories : Albums

Frontier, un avenir à redouter

Un monument, un grand-œuvre qui marque à la fois un tournant, une réussite et un investissement dans un projet fou. Frontier de Guillaume Singelin, (LowReader) scénario, dessin et couleur aura mis dix ans à naître, à se formaliser pour décrire ce que pourrait être l’avenir de l’humanité désormais axé sur le pillage de planètes lointaines, de compagnies spécialisées sans états d’âme, toujours hors la loi puisqu’il n’y en a pas et avec des générations humaines qui n’ont jamais connu la pesanteur. Un trio improbable va venir semer la panique sorte de Robin des Bois qui assument leur prise de conscience, leur combat sera celui de la justice et de la solidarité. Un espoir à taille humaine que les 192 pages de l’album très bien présenté propose d’accompagner dans des mondes qui pourraient être ceux des générations futures.

Une empêcheuse de tourner en rond Ji-SOO. Une scientifique spécialiste de l’exploration des planètes mais qui a une conscience et dont la société est rachetée, elle avec, ses projets récupérés par une méga-corporation. Mise sur la touche et envoyée dans un placard, une station spatiale centre de recherche. Son chemin va croiser celui d’une mercenaire, Camina, qui a perdu un bras dans une attaque meurtrière. L’humanité perd ses droits dans un univers géré par le profit. Rencontre avec Alex qui n’a jamais vécu sur Terre pour Ji-SOO. Camina ne veut pas de prothèse mais on est dans un monde où la médecine a atteint des sommets. Elle réintègre son équipe. La vie dans l’espace est devenue une industrie. Mais il faut aussi qu’on y fasse des expériences animales, découverte que ne va pas supporter Alex qui sauve un petit singe qui s’est échappé. Conflit, bagarres, la fuite est nécessaire à bord d’une navette de secours. Et c’est Camina qui va leur venir en aide car ils sont sur une planète à pesanteur terrestre, mortelle pour Alex.

Aventures oui, une bonne dose de vision très crédible d’un futur pas joyeux, des influences évidentes cinématographiques astucieusement maîtrisées, il y a des scènes d’apologie dans ce Frontier dont celles où il faut monter une paroi rocheuse où le vide aspire vers le bas. Une émotion vraie, une simplicité qui fait toute la force d’un scénario de haut niveau et un dessin ultra-détaillé auquel on s’adapte sans difficultés. Pas de certitudes, des évolutions de penser humaines et touchantes. Un grand moment de sensibilité et de créativité. Et un grand coup de chapeau au label 619 une fois de plus.

Frontier, Label 619, 21,90 €

Voir les commentaires

  • Voilà un titre que j'ai mis dans ma Wishlist. Sur les réseaux je vois qu'il est en coup de cœur de beaucoup de monde. Et ce dessin en mode chibi est génial.

Partager

Articles récents

La Sagesse des mythes, de Don Juan à Noé

On avait dit que La Sagesse des Mythes, collection consacrée à la mythologie grecque, devenait…

29 avril 2024

Interview : Kokopello pour un grand bazar décrypté

L'Union Européenne, un grand bazar, c'est ce que dit Kokopello dans La Tour de Babel…

28 avril 2024

Les aventuriers de l’Urraca, des pirates divers et variés

Un capitaine pirate pas très doué au moins en apparence qui va jouer son va-tout…

28 avril 2024

L’odeur des pins, on ne savait pas en Allemagne nazie

Il fallait bien plus de 200 pages pour raconter vie et destin d'une famille allemande…

27 avril 2024

Dracula, L’ordre du dragon, un retour réussi et palpitant

Un nouveau Dracula, un de plus ? Pas sûr car L'Ordre du dragon sous-titre de…

27 avril 2024

Glénat et Vents d’Ouest passent au poche

Ce ne sont pas les premiers et la tendance se confirme. La BD aime de…

26 avril 2024