Gone with the wind, Pierre Alary talent, passion et Scarlett

Un homme de talent et de passion Pierre Alary. Il y a deux ans il nous annonçait qu’il allait adapter un grand classique de la littérature américaine. Qu’il ne pouvait en donner à cette heure le titre pour des raisons de contrat. On lui a soufflé un titre et il a dit « et oui, bravo ». Dans l’interview recueilli à BD Plage Sète, on n’a rien divulgué. Gone with the wind première époque vient de sortir. Pierre a adapté, dessiné l’œuvre colossale, le monument de Margaret Mitchell, Autant en emporte le vent connue par tous grâce au film tourné en 1939 par Victor Fleming. Paradoxalement, c’est plus à ce chef d’œuvre du cinéma que le travail de Pierre Alary pourra être non pas comparé mais référencé. Clark Gable, Vivien Leigh, Olivia de Havilland, Hattie McDaniel qui joue Mammy première actrice afro-américaine à recevoir un Oscar, une musique générique inoubliable, les images sont dans tous les esprits. Il fallait arriver à se hisser au même niveau de mise en scène, de création de personnages qui ne soient pas des clones des acteurs. Dès la page une on sait que Pierre a réussi non pas un pari mais une création qui lui appartient en propre. Sa Scarlett ouvre le bal, le regard est perçant, déterminé, elle est la reine de Tara quoi qu’il advienne. Un album qui fera date.

Gone with the wind

1861, en avril, elle fait la tête Scarlett car l’homme qu’elle aime, qu’elle sait amoureux d’elle va se marier avec une autre. Ashley épousera Mélanie car les Wilkes et les Hamilton se marient entre cousins. Son père gère leur superbe plantation Tara et la guerre semble inévitable avec le Nord. En plus le fameux mariage va être annoncé. Son père sait qu’elle aime Ashley. A seize ans Scarlett est déjà une femme de tête. Proche de sa mère Ellen très impliquée dans la charge de la plantation, la jeune fille sait qu’elle a connu un grand amour perdu pour épouser son père. Ils ont eu trois filles. Ellen fait renvoyer le régisseur Wilkerson qui a mis enceinte une esclave. Scarlett est prête à tout pour rendre Ashley jaloux et empêcher qu’il épouse Mélanie. Mammy la gouvernante noire est très proche de Scarlett. Une réception a lieu au Douze Chênes, plantation du futur couple. Un invité fait jaser, Rhett Butler qui a mauvaise réputation.

Gone with the wind

Il fallait comprendre, assimiler le rythme du roman et du film, pour s’en détacher et créer celui obligatoirement différent de la BD. C’est là où le tour de force d’Alary est impressionnant car on en est presque à redécouvrir le roman de Mitchell. Il s’est approprié l’œuvre en la respectant. La mise en place des personnages, de l’action est claire, fluide. Aucun temps mort, concision et efficacité, on suit Scarlett, la guerre de Sécession en toile de fond, des décors sans surcharge et d’une belle précision. Alary joue avec les visages, les expressions, les ambiances, les drames qui se nouent, l’obstination de Scarlett manipulatrice si besoin, on le verra dans la suite, le tome 2. Ce Gone with the wind, en plus du talent de Pierre Alary a bénéficié d’une belle parure éditoriale, papier de qualité, travail des couleurs et dos toilé pour ses 145 pages. Le monument de ce premier semestre.

Gone with the wind, Tome 1, Rue de Sèvres, 25 €

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