Amalia, pas simple la vie

On dira que c’est une chronique familiale saisie sur le vif, en apnée avec couple recomposé, ado rebelle, gamine de quatre ans qui sème la panique, père pris en sandwich, on verra pourquoi, et maman qui voit des renards partout. Amalia, c’est le titre et le prénom de la maman que met en scène avec sa troupe Aude Picault qui a un sens du vécu parfait car on se doute quand même qu’elle sait de quoi elle parle. On avait rencontré Aude Picault pour Idéal Standard et L’Air de rien. Avec Amalia (un prénom qui reste ancré dans une mémoire d’enfant à cause d’Amalia Rodrigues dont les parents écoutaient les disques) va vivre une révolution en continu et tenter de trouver sa voie. Humour et circonstances, Aude Picault trace une fresque très actuelle, en finesse, mais pourtant sans désespérer, au contraire, d’un trait toujours aussi délicatement expressif et authentique.

Amalia

Elle est à bout de souffle Amalia dans un monde qui se détruit, esclave d’un environnement où elle assume tant qu’elle peut avec une gamine, Lili faite peut-être sur le tard avec Karim. Lui il a une fille de seize ans, Nora, qui ne vit que pour la frime, les réseaux sociaux et les contributions, rêve de devenir une influenceuse. Et se moque éperdument de son bac blanc. Le tout cohabite, enfin quand Nora n’est pas chez sa mère. Karim fait la cuisine et essaye de régler l’intendance, les heures de repas. L’actualité n’est pas drôle, attentats, pollution, un président disjoncté, on trie les déchets ou au moins on essaye. Crevée Amalia. Karim court et travaille dans une boulangerie industrielle où tradition ne veut pas dire sans substances à la limite. Amalia cravache, veut que tout roule. Défi surtout pour une experte en gestion de risques. On ne voit pas toujours midi à sa porte surtout avec une patronne qui vous roule dans la farine. Même si on a un mari dont c’est le job la farine.

On la plaint, on la comprend, on compatit. Amalia va aller au bout du bout, mais rien de vraiment désespérant dans cette histoire qui touche car elle va finir par comprendre que la pagaille ça peut aussi faire du bien. Et que prendre des murs de face ce n’est pas génial. Autant les contourner de temps en temps. Une leçon de vie à sa façon, c’est celle que donne Aude Picault à son héroïne et à son petit monde bien secoué où l’amour sera quand même la recette miracle aidée par une fougère. Lucide et généreux au ton très juste.

Amalia, Dargaud, 19,99 €

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