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Sermilik, Inuit blanc

Il y a des albums où dès les premières pages on a le coup de cœur. Sermilik en fait partie, instinctivement. Le parcours de Max qui a 18 ans décide d’aller vivre sa vie dans l’Arctique, chasser le phoque, apprendre la langue, devenir un Inuit blanc est un remarquable album bouillonnant de vie qui s’inspire de la vie de Max Audibert. On reste abasourdi par l’aventure hors normes, le courage, la philosophie de cette existence où le danger règne en permanence, ne répond à aucun de nos critères. Mais quel bonheur de se plonger à la suite de Max, être à ses côtés, intégré comme le dit Joëlle Robert-Lamblin, membre du CNRS qui a travaillé avec Paul-Émile Victor. Direction le Groenland oriental avec Simon Hureau (Crève saucisse) qui a transcendé totalement son sujet qui se dévore comme un bon foie de phoque ranci dans la graisse. Pour tous les publics et ados souhaitables.

La vie de Max c’est une leçon de survie au quotidien, chaque erreur peut-être fatale. Une fraction de bonheur sur la glace d’un lac devient un piège mortel. Tiniteqilaaq, c’est un petit village au bout du monde. Max s’en sort une fois de plus, retrouve chiens et traineau. Ici on y vit parce qu’on y est né. Sauf exception et à 18 ans, inscrit en Médecine militaire il suffit d’un bouquin, chasseur arctique pour faire basculer une vie. Alors ce sera l’ours blanc qui rode dans le village, la fête quand on l’a abattu. Max aura le crâne en trophée qui va se mettre à discuter avec la peau d’un autre ours accroché dans sa maison. Ce sont eux les narrateurs des débuts de Max, coucou c’est moi. Comment on fait pour devenir un chasseur ? Une longue marche, toujours partant, volontaire, apprendre la langue, s’initier aux chiens, aux phoques, à la neige, à la pêche. Et tomber sur la jolie Elona, se marier. Il devient maître de son attelage et l’aventure, la grande le prend sous son aile.

Pas un instant d’ennui, de répit, que des informations qui se bousculent parfaitement mises en scène par Hureau. Le vent fou le Piterak, le tinimilaarpoq vague meurtrière, on en passe comme le kayak, les chiens perdus sur des îlots de glace qui eux aussi se mêlent de la conversation. Des drames aussi pour Max qui va devenir l’instituteur du village. Arrivée des motos-neige et les temps changent. Difficultés sociales, tensions aussi, choc des cultures et expérience, on se laisse guider par les images, un voyage qui a une charge émotionnelle énorme et une grande beauté morale.

Sermilik, Là où naissent les glaces, Dargaud, 24 €

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