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L’Abolition, Robert Badinter homme de foi et de courage

Il y aura eu deux grands personnages en cette presque fin du XXe siècle, deux Justes qui auront donné à la France de nouvelles lettres de noblesse, de justice et de courage, Simone Veil pour la loi sur la légalisation de l’avortement, et Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort. C’est de lui qu’il est question dans le roman graphique de Malo Kerfriden au dessin et Marie Gloris Bardiaux-Vaïente au scénario. On a un peu oublié la violence opposée au combat de Badinter, sa conviction profonde de chasser la peine de mort après, entres autres, l’exécution de Buffet et Bontems. Les auteurs reviennent en détail sur le procès, les circonstances de la prise d’otages mortelles pour laquelle ils seront condamnés. Et pas graciés par Pompidou. Garde des Sceaux sous la présidence de Mitterrand qui s’était engagé sur l’abolition, Robert Badinter ira au bout de sa bataille.

Novembre 1972, Robert Badinter, avocat, va assister à l’exécution de Buffet et de son client, Bontems. La grâce a été refusée pour Bontems alors qu’il n’a pas, à priori, pris part aux meurtres des deux otages au sein de la prison où ils étaient enfermés. La France veut la mort malgré les plaidoiries et des failles dans l’accusation. 63% des Français sont pour la peine de mort. Pompidou ne cède pas. Robert Badinter, juif, a échappé de peu à la déportation. Son père non et ne rentrera pas. En janvier 1976, le petit Philippe est enlevé et une rançon demandée. Patrick Henry est arrêté. Puis relâché faute de preuves. Mais le corps est retrouvé en sa présence. On se souvient alors de Roger Gicquel, au Journal télévisé, qui dit « La France a peur ». En 1977, Henry est jugé. Badinter décide de faire le procès de la peine de mort. Henry y échappe.

On sait qu’ensuite, face à Giscard pour les présidentielles, Mitterrand s’engagera pour l’abolition. Il nomme Badinter Garde des Sceaux. Elle sera votée mais si facilement qu’on le croit avec l’aide d’un autre honnête homme, Philippe Seguin pourtant adversaire politique. Une bonne chose de se remettre en tête, surtout aujourd’hui, ce qui fait l’honneur de notre démocratie. Un référendum populaire aurait-il choisi la même voie ? Pas sûr. D’où l’importance de notre représentativité républicaine au sein de nos institutions. Enfin, que dire de l’antisémitisme qui s’enflamme en France aujourd’hui ? Robert Badinter a failli en mourir, comme Simone Veil, déportée, que l’on a insultée dernièrement pour sa loi mais aussi pour sa religion. La France a toujours ses imbéciles dangereux qui ne cessent de se reproduire. Un album important.

L’Abolition, le combat de Robert Badinter, Glénat, 17,50 €

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