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Deux passantes dans la nuit, Leconte et Coutelis pour le meilleur

On l’attendait avec impatience et il paraîtra le 26 août. Au scénario, il y a l’un des plus talentueux réalisateurs, cinéaste français, Patrice Leconte. Si il n’y avait qu’un film de lui à citer, ce serait Ridicule tant son talent met en exergue celui de ses acteurs dont surtout le regretté Bernard Giraudeau, Berling ou Ardant. On ne s’arrête pas sur Les Bronzés qui sont à Leconte ce que Les Tontons Flingueurs sont à Audiard, cultes. Il a donc commis avec Jérôme Tonnerre Deux Passantes dans la nuit, un diptyque qui se déroule dans la capitale, de nuit en pleine Occupation. On ne s’arrêtera pas non plus sur la tentation facile d’un rapprochement avec La Traversée de Paris avec Gabin et Bourvil. Si ce n’est pour dire qu’il y a l’ambiance incomparable dans ces Passantes des grands films des années quarante à cinquante. Au dessin, on retrouve un vieux complice, un de ces maîtres en à peu près tout en BD, Alexandre Coutelis qui fait merveille en toute simplicité.

Arlette est libérée de prison, en hiver mais en robe d’été. Paris est occupée et pas un chat dans les rues. Hormis un petit racoleur à casquette pour boite de nuit. Elle entre boire une coupe et assiste au spectacle d’une magicienne à cheveux courts, Anna. Arlette sur une intuition lui demande de lui apprendre des tours. Elle refuse et se fait virer car semble-t-il recherchée mais par qui ? Anna rejoint Arlette et les deux jeunes femmes vont chez Fernand (lui par contre on pense à De Funès), le bar où sévissait son petit ami Félix avant la prison. Virées une fois de plus elles font la connaissance d’un dessinateur qui leur offre un dessin et les met en garde sur les nuits parisiennes sous la botte allemande.

Elles ont du répondant les deux copines et tout risque bien de s’emballer. Finie la balade au clair de lune, faudra pas non plus compter sur la solidarité nationale hormis sur celle de Sainte Rita, celle des causes perdues. C’est tout dire. Unies pour le pire le duo mais pour aller où et avec qui ? Et puis il y a les Teutons dans le paysage mais aussi quelques rares braves gens. Une belle prise de contact ce tome 1 à la fois réaliste mais aussi amicalement poétique, au découpage cinématographique évidemment, plans larges, dialogues courts et posés, dessin qui parle avec un Coutelis brillant, on l’a avalé en un clin d’œil cet album. Leconte a fait merveille. Un cahier graphique en finale qui en met plein la vue et l’attente fébrile du tome 2.

Deux passantes dans la nuit, Tome 1, Arlette, Grand Angle, 16,90 €

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