Tseu Hi T2, un dragon qui gagne toujours

On savait déjà grâce au tome 1 de ce nouvel épisode des Reines Sanglantes que l’impératrice Tseu Hi n’allait pas faire dans la dentelle. En cette fin du XIXe siècle la Chine est l’objet de toutes les convoitises occidentales. Mais la Dame Dragon flanquée de son ami fidèle l’eunuque Li Leng Ling va déjouer tous les coups tordus de ceux qui veulent l’éliminer, elle l’ancienne obscure concubine. Un duo infernal qui, quoi qu’il en soit, se battra aussi pour que la Chine ne soit pas un simple vassal des occidentaux. On prend énormément d’intérêt, plus peut-être que dans le tome 1, à découvrir comment hors de notre logique, deux esprits brillants liés pour le meilleur et le pire arrivent à dominer l’empire du milieu. Philippe Nihoul au scénario et Fabio Mantovani au dessin signent un fresque passionnante.

Tseu Hi 1861 les Taipings, une secte armée, deviennent un danger face à l’autorité impériale chinoise. Tseu Hi doit composer avec l’impératrice Ci’An. Elle a le pouvoir avec l’aide du Grand Eunuque Li son ami d’enfance et aussi malgré tout son amant. L’Empereur a cinq ans et Tseu Hi est régente. Il faut battre les Taipings et seule une alliance avec les Américains peut le permettre. Sauf qu’il va falloir accepter des ambassades et le trafic d’opium. A leur tête Ward et ses troupes. Les Taipings veulent prendre Shanghai et commettent des massacres. Anglais et Américains font cause commune et défendent la ville en acceptant les propositions de Li et Tseu Hi qui veut réformer son pays et l’ouvrir au modernisme. Shanghai est sauvée de justesse malgré les sacrifices des Taipings. Tsieu et Li retrouvent la sérénité mais d’autres ennuis de succession les attendent.

Ce qui frappe c’est l’incroyable intelligence politique sans états d’âme de Tseu Hi. Les dialogues de Nihoul sont peaufinés, un vrai régal d’écriture, subtils, drôles mais chargés d’un réalisme qui en apprend beaucoup sur cette Chine méconnue que la révolte des Boxers et la future résistance des concessions, les 55 Jours de Pékin, va réduire pour beaucoup à ce seul évènement. On voit que la Reine Dragon a été un personnage hors normes digne et pour cause de figurer parmi ce palmarès de femmes brillantes. Où commence la recherche du pouvoir à titre personnel ou dans l’intérêt de son pays ? Comment gérer les deux ? Tseu Hi en est un exemple parfait que Mantovani rend terriblement concret par son dessin qui sublime le texte.

Tseu Hi, La Dame dragon, Tome 2, Delcourt, 15,95 €

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