Kamasultra, Jacovitti reste sur ses positions

Une réédition qui vaut son pesant d’humour décalé, déglingué, à tendance surréaliste. Le Kamasultra de Benino Jacovitti refait surface dans une nouvelle livrée que lui a donnée les éditions i. On parle bien sûr du Kamasutra mais vu par un certain côté de la lorgnette. Pas de dérive vraiment très coquine en fait mais une déclinaison euphorique et décomplexée que Jacovitti et Marchesi avaient publiée en 1977 et qui remise à jour n’a pas pris une ride.

Kamasultra C’est à partir de ses dessins réalisés pour le mensuel italien Playmen organisés qu’a été concocté ce Kamasultra. D’Adam et Eve à la théorie du genre en passant par les couples à géométrie variable et quelques réjouissantes bestialités primaires, cette vision bouffonne est tout public si l’on peut dire. Érotisme loufoque autant que d’humour, on assiste à des délires créatifs qui amènent à des positions qu’il vaut mieux éviter de tenter. Ou à ses risques et périls. Le Kâma Sutra (traduit en 1883 au Royaume-Uni par Sir Richard Burton) n’a pas pris une ride. Pourtant, en dépit du sujet, le Kamasultra n’est en fait qu’un coquin exercice de style qui jette un regard détendu sur les codes d’une société dans laquelle le sexe est devenu une nouvelle religion. Un jeu dans lequel l’humour dévastateur, sarcastique de Jacovitti tord le cou aux images d’Épinal du mâle italien ou autre, des plantureuses et voluptueuses beautés latines et de leurs supposées torrides prouesses érotiques. Benito Jacovitti se saisit de ce bestiaire amoureux qui fait fantasmer l’Europe depuis plus d’un siècle pour se livrer à une série de gags sur l’amour physique et une société qui prétend se décoincer

Le Livre des nœuds est entre autre un chapitre à lire avec attention et peut donner des idées. Encore que tout ceci peut s’avérer particulièrement douloureux. On en rajouté plusieurs couches à la version des années 70. La preuve, on distingue quelques noms qui font l’actualité. L’amour ne manque jamais de piquant. Quand on y regarde bien on se dit que Albert Dubout et Jacovitti ont des choses et des femmes en commun. Comme le déclarent Jacovitti et Marchesi : « Le plaisir sexuel est bref, la position ridicule et la dépense d’énergie absurde mais faites cependant avec et, vous verrez, ce n’est pas triste. » Ce volume, pas triste non plus, est le premier volet d’une intégrale des bandes dessinées érotiques de Jacovitti.

Kamasultra, Éditions i, 19,70 €

Kamasultra

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