Mes mauvaises filles, la mort tabou avec Zelba à la Comédie du Livre

Zelba (Udama chez ces gens-là) sera à la Comédie du Livre à Montpellier, édition 2022, les 20, 21 et 22 mai et Ligne Claire animera un débat avec elle. On y parlera bien sûr de son album Mes Mauvaises filles. Mourir certes mais de mort lente. Brassens parlait de mourir pour ses idées, pas de maladie sans retour, violente, dans le coma, dans une chambre de clinique, seule, ou presque. Alors que faire car la loi ne le dit pas vraiment et surtout n’autorise pas l’euthanasie en France. Doit-on souffrir pour mourir ? Un médecin peut-il donner la mort lui qui fait serment du contraire ? Où s’arrête et commence cette liberté de mourir dans la dignité, en douceur quand il n’y a plus d’espoir, qu’on le veut ? Zelba l’a vécu. Le jour de la mort de Vincent Lambert, le 11 juillet 2019, le cas le plus symbolique de ce douloureux problème, Zelba se décide à raconter comment sa mère a vécu ses derniers instants et comment, pourquoi, sa sœur et elle ont accepté d’essayer de l’assister à mourir, elle qui a interdit tout acharnement. Dur, mais totalement vrai, éprouvé, on n’ose dire banal car tous confrontés à ce tabou un jour où l’autre. Sans exception, hier, aujourd’hui ou demain. Urgence à remettre sur la table ce sujet incontournable que Zelba sait aussi aborder avec amour, humour et tendresse, délicatesse.

Mes mauvaises filles

Maladie chronique avec mort assistée, ou chronique d’une mort annoncée ? Au choix. C’est ce que va raconter celle qui est directement concernée par le sujet, la mère de deux filles, divorcé puis veuve de son dernier amour. Celles à qui elle, Bri, a donné la vie vont lui donner la mort. Ylva, la cadette, électron libre, qui fait la tête à l’idée d’aller au mariage de son père. Liv, c’est l’ainée. Divorcée et désormais sans mère. Bri est morte à 57 ans. Comme dit Ylva, ce n’est pas nous qui manquons aux morts. C’est le contraire. La famille doit se retrouver aux noces du paternel et les filles se sentent abandonnées. Et se souviennent de leur enfance. Ylva fait la gueule et en sort des rudes. Elle vient d’avoir Laslo, et pleure avec sa sœur cette mère qui leur manque dont les derniers instants n’ont pas été des meilleurs, faute à la loi, la médecine et la compassion de certains.

Soins palliatifs, acharnement, choix du patient, suicide assisté ? Impossible de donner vraiment la mort en France même si c’est le plus souvent un don qui apaiserait. Le choix et sa mise en œuvre pour Bri sera dramatique, odieux dans les détails sans parler de la culpabilité qui peut s’ajouter. Zelda n’invente rien, ne cache rien de cette tranche de vie. Son dessin, ses aplats, ses nuances de couleur, tout émeut, touche au cœur. C’est avant tout un acte d’amour qu’ont voulu ces Mauvaises filles si aimantes.

Mes mauvaises filles, Futuropolis, 21 €

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