Indochine T2, partition en Kingcobra majeur

Première question après lecture de ce tome 2 d’Indochine : les auteurs ont-ils voulu faire un récit historique ou se servir d’éléments d’une époque pour une saga romanesque dont les spécialistes désormais aguerris sur le sujet auront à redire ? Jean-Pierre Pécau a fait naître l’uchronie en BD et dit s’être librement inspiré du très connu Armand Baverel dans les milieux aéronautiques. Alors on passe sur les P-47 qui n’ont pas volé à priori en Indochine, les Spit IX oui, les Bearcat aussi, et sur les Mustang chinois par contre bien réels récupérés chez les Nationalistes par les troupes de Mao mais jamais engagés dans des combat aériens surtout dans le Nord Tonkin en 1950. Les Kingcobra ont eux effectivement bien volé en Indochine. Maza est au dessin, on le voit de suite à cause de la différence de traitements des scènes aériennes par rapport aux ambiances généralistes moins efficaces. Ce qui au total n’enlève rien aux qualités de l’album. Couverture de Manchu.

1950, deux P-47 sont en patrouille au Tonkin à la frontière de Chine. Armand est aux commandes quand trois Mustang chinois les attaquent. Et se font descendre. Mais on oublie l’incident afin de ne pas créer un conflit diplomatique au moment où les affaires militaire de la France ne sont pas géniales en Indochine. Et si la Chine s’en mêle si ce n’est que pour ravitailler les Viets, la France va avoir soucis. Armand va faire un tour à Saïgon chez Simoni qui tient un bar. Il joue avec l’orchestre pour le plaisir. Le lendemain on lui présente avec les autres pilotes leur nouvel avion, le Kingcobra qui a suivi le Bell P-39 Airacobra, un drôle de zinc qui a largement été distribué aux Russes par les USA pendant la guerre. Pas un chasseur mais un redoutable avion d’attaque au sol. A Dong Khê, le poste et la garnison de Tirailleurs sont attaquées. La chasse va aller mitrailler au sol en espérant que les Viets n’ont pas mis en place de la DCA. Et bien sûr un P-63 est abattu. Il va falloir aller récupérer le pilote en hélico.

Sur le fond, hormis le contexte très peu exploité de la guerre française d’Indochine hormis par Schoendoerffer avec la 317e Section ou dernièrement par Dobbs avec Diên Biên Phu, on est dans un récit très traditionnel. Pécau a repris le nom de Willsdorff du film, ancien soldat allemand engagé dans la Légion comme beaucoup d’autres en 1945. Baverel apparait aussi au manche de son Sikorsky qu’il utilisera surtout en AFN. Après on a droit à un cours de grande Histoire et un retour sur le rôle ambigu des USA qui prendront la place de la France, sur les partisans Thaï, la retraite sur la RC4 incroyable erreur stratégique, sur les paras du 6e BPC. On ne boude pas son plaisir et pour cause, spécialiste du sujet depuis si longtemps.

Indochine, Tome 2, Que le diable t’emporte, Delcourt, 14,95 €

Que le diable t'emporte

 

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