La beauté et l’horreur, cela pourrait être le sous-titre de ce très étonnant et dérangeant album, dérangeant au bon sens du terme, qui sort des sentiers battus et interpelle mais jusqu’où. Un mannequin au regard d’exception et un fou qui arrache les yeux de ses victimes, mais pourquoi ? La Mort aux yeux de cristal est signée par Étienne Oburie au dessin et Lancelot Hamelin au scénario dont on avait beaucoup aimé Dans les eaux glacées du calcul égoïste. On sent cette fois encore l’influence du cinéma surréaliste dont Buñuel et de celui de Dario Argento. Une digression qui monte en puissance pour mieux exploser dans un tourbillon de violence et de passion brouillon.
Un défilé de mode, à Rome, Radka est l’égérie d’un grand nom de la couture et on lui attribue les plus beaux yeux du monde. Sa doublure est assassinée et ses yeux remplacés par des morceaux de cristal. C’est la commissaire Cornélia qui est chargée de l’enquête. Elle débarque chez Radka et on va laisser croire que c’est elle qui est la victime. Cornélia rejoint son épouse qui vient d’accoucher et qui a fait un cauchemar , une femme nue et sans yeux. Mais le meurtrier a compris sa méprise. Cornélia constate que ce faits-divers a déjà eu un précédent, une jeune femme à qui ont a crevé les yeux avec une flute. Elle travaillait aussi dans la mode et avait le même patron que Radka, Ronan-Charles Durandin. Mais quel jeu joue la tante de Radka ? Luigi, l’amant de Radka est sauvagement agressé par le tueur surnommé La Mort aux yeux de cristal par la presse. Cornélia est menacée par une lettre anonyme.
Compliqué cette intrigue au moins pour la deuxième partie du récit où le voile se lève peu à peu. L’horreur s’ajoure au polar avec des liens que la folie veut expliquer. On y ajoute une digression sur le corps féminin et son exploitation, des rapports de couple compliqués pour la commissaire. Les auteurs se revendiquent du Giallo, ces films italiens de série B dont ceux d’Argento qui effectivement mélangeaient les genres dont l’horreur, l’érotisme et sont devenus pour certains une référence dans les années 80. Dommage car si l’idée de départ est cadrée, son développement part un peu dans tous les sens, texte et dessin.
La Mort aux yeux de cristal, Glénat, 20,50 €
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